Une prise de contrôle de BCE par des intérêts chinois? La chose peut sembler hautement improbable, mais, avec la révision des règles de propriété étrangère entamée par Ottawa, un tel scénario pourrait un jour se concrétiser.

Le ministre fédéral de l'Industrie, Tony Clement, a lancé hier à Toronto une consultation pour déterminer de quelle façon les règles seront assouplies. Le gouvernement présentera d'ici quelques jours trois options en vue d'abaisser les barrières à la propriété étrangère, mais M. Clement n'a pas précisé lesquelles.

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Le ministre a toutefois ouvert la porte à la possibilité que les géants établis comme Bell et Rogers puissent bénéficier d'une infusion supplémentaire de capitaux étrangers. Jusqu'à maintenant, plusieurs analystes croyaient que l'ouverture s'appliquerait uniquement aux nouveaux fournisseurs comme Wind Mobile et Mobilicity.

«Les restrictions telles qu'on les connaît aujourd'hui commencent à entraver la capacité des fournisseurs à se faire concurrence, à innover et à soutenir les niveaux d'investissements en capital requis pour une économie numérique moderne», a déclaré Tony Clement en entrevue à Bloomberg.

Selon les normes actuelles, les groupes étrangers ne peuvent détenir plus de 46,7% des actions d'une société de télécoms canadienne. Mais dans les faits, cette règle est déjà chose du passé, fait valoir l'analyste Troy Crandall, de la firme montréalaise MacDougall, MacDougall et MacTier.

D'après l'expert, Ottawa «a créé un précédent» en décembre dernier lorsqu'elle a infirmé une décision du CRTC touchant Wind Mobile (Globalive). L'organisme fédéral avait bloqué le lancement du service de cette entreprise financée à hauteur d'un demi-milliard par des capitaux égyptiens, mais le gouvernement conservateur a infirmé cette décision peu après.

«La décision du gouvernement, en décembre, a ouvert cette porte qui fait que des sociétés étrangères peuvent structurer le capital de manière à obtenir une participation majoritaire de toute façon», a fait valoir M. Crandall pendant un entretien.

Prise de contrôle

Et qu'en est-il d'une prise de contrôle pure et simple de Bell, Telus ou Quebecor? Le CRTC propose de limiter à 49% la participation étrangère, tout en interdisant que le «contrôle de fait» quitte le Canada.

Si Ottawa écoute cette proposition du CRTC, une prise de contrôle d'un groupe canadien par Verizon ou China Telecom serait impensable. «Mais si le gouvernement abandonne toutes les règles, oui, ce serait une possibilité», avance Troy Crandall.

Quoi qu'il en soit, tout changement sera attendu de pied ferme par les investisseurs. Leurs attentes sont élevées envers cette industrie dont le chiffre d'affaires a atteint 40 milliards l'an dernier au Canada.

Le secteur des télécommunications s'est beaucoup mieux comporté que le reste de la Bourse canadienne depuis le début de 2010. L'indice des télécoms a progressé de 9,4%, tandis que le S&P/TSX a reculé de 2%.