La publication jeudi aux États-Unis de bons indicateurs sur l'état du marché du travail et la masse de recrutements due au recensement décennal laissent penser que mai a connu un nombre impressionnant de créations d'emplois, probablement le plus élevé depuis les années 1990.

Les analystes estimaient jeudi que le rapport officiel sur l'emploi de mai devant être publié vendredi ferait apparaître 500 000 créations de postes nettes, ce qui serait du jamais vu dans les annales du département du Travail depuis 1997.

Mais la grande partie d'entre elles viendrait du recensement. Ian Shepherdson, de High Frequency Economics, table sur 420 000 emplois ajoutés de cette manière, un coup de pouce important mais très provisoire.

L'embauche se remet doucement dans la première économie mondiale.

«L'économie approche les douze mois de reprise soutenue, et pourtant il ne s'est pas passé grand-chose sur les marchés de l'emploi pour réduire le haut niveau du chômage», a déploré jeudi Dennis Lockhart, président de l'antenne de la banque centrale (Fed) à Atlanta, capitale de la Géorgie, dans le Sud-Est du pays.

Il l'a expliqué par l'empressement des entreprises à «essayer de maintenir les niveaux de production, des chiffres d'affaires et des bénéfices en hausse avec moins de gens».

La première économie mondiale ne s'est remise à créer des emplois que récemment, et dans des proportions faibles par rapport aux masses qu'elle avait détruites en 2008 et 2009.

Selon l'enquête mensuelle du cabinet de ressources humaines ADP, qui exclut le secteur public, le privé n'a connu en mai que son quatrième mois de création nette d'emplois, avec un solde de 55 000 postes créés. Le chiffre est d'autant plus encourageant qu'ADP a doublé jeudi, à 60 000, son estimation du nombre d'emplois créés en avril.

Mais selon ADP, ces quatre mois de créations d'emplois (de février à mai) n'ont pas comblé les suppression des deux mois précédents (décembre et janvier).

«Les derniers chiffres sur le marché du travail montrent que les conditions continuent de s'améliorer mais à un rythme très lent par rapport à d'autres statistiques économiques. A ce stade de la reprise, l'emploi dans le privé devrait être en train d'augmenter de 200 000 postes par mois», a considéré Steven Ricchiuto.

Dans ces conditions, le chômage recule péniblement. D'après les analystes, même 500 000 créations d'emplois dans les chiffres du département du Travail ne devraient permettre qu'un léger recul du taux, à 9,8% (contre 9,9% en avril).

«Le maintien d'un taux élevé de chômage est un point particulièrement pénible. Ce chômage fait peser des coûts lourds sur les travailleurs et leurs familles, ainsi que sur notre société dans son ensemble», a souligné jeudi le président de la Fed, Ben Bernanke, dans un discours.

D'après des chiffres publiés par ce ministère jeudi, le nombre de nouveaux chômeurs inscrits en une semaine n'était toujours pas revenu fin mai à son plus bas niveau de l'année, atteint en février.

Pour M. Lockhart, ce chômage devrait perdurer. «Le rythme de l'embauche sera probablement graduel» toute cette année, a-t-il prévenu.

Les employeurs disent pourtant qu'ils recrutent, selon l'enquête de l'institut ISM auprès des directeurs d'achats. Dans le secteur manufacturier, d'après des chiffres publiés mardi, ils affirment le faire à un rythme jamais vu depuis 2004. Et dans le reste de l'économie, d'après des chiffres publiés jeudi, l'embauche est repartie pour la première fois depuis fin 2007.