Si vous comptez vous rendre dans les magasins demain pour acheter ce fameux iPad dont tout le monde parle, oubliez ça: vous risquez de vous heurter à des tablettes vides.

«On a tout vendu vendredi dernier. Oui, il y a une frénésie autour de l'iPad», dit Patrick Lavoie, responsable des relations avec les médias pour Best Buy Canada, qui espère recevoir un nouvel arrivage la semaine prochaine.

Chez Future Shop, aussi en rupture de stock, les vendeurs conseillent de rappeler jeudi pour voir si d'autres appareils seront arrivés.

«Il ne reste que des 64 giga-octets wifi», répond au bout du fil la vendeuse de la boutique Apple Store, rue Sainte-Catherine. Les autres modèles sont écoulés? «Oui, et ceux-là vont aussi être écoulés très bientôt», lance-t-elle.

Ni Future Shop ni Best Buy n'ont voulu dévoiler combien d'unités ils ont écoulées depuis le lancement de l'appareil au Canada vendredi dernier. Mais Apple a affirmé hier avoir déjà vendu 2 millions de tablettes tactiles dans le monde.

À mi-chemin entre le populaire iPod et l'ordinateur portable, l'iPad permet entre autres de lire des livres et des journaux en format électronique et de naviguer sur l'internet.

Disponible aux États-Unis depuis le 3 avril, l'appareil a été lancé vendredi dans une dizaine de pays, dont le Canada, la France, le Royaume-Uni et le Japon.

Avec 2 millions d'unités vendues en moins de 60 jours, le lancement de l'iPad est déjà plus spectaculaire que celui de l'iPhone.

«C'est un gros chiffre, confirme Iain Grant, analyste en télécommunications au Seabord Group. Et on n'a pas encore vu les vrais résultats à Montréal, Toronto, Paris, Londres, Tokyo...»

Mike Abramsky, analyste à la Banque Royale, croit qu'Apple pourrait vendre jusqu'à 8 millions d'iPad cette année, dont 43% en sol américain. Plusieurs s'étaient montrés sceptiques quant au potentiel de vente de l'iPad, affirmant qu'il n'avait ni les capacités d'un ordinateur portable, ni la portabilité d'un téléphone intelligent.

Iain Grant, qui a toujours été un inconditionnel de l'appareil, croit que la réaction initiale des clients vient prouver que le produit a un avenir.

«Moi-même, j'en ai acheté trois: un pour moi, un pour ma femme, et un pour mon employé à Toronto», lance l'analyste.

Chez Best Buy, on se défend bien de ne pas avoir vu venir la vague. «On n'a pas sous-estimé la demande; on a pris tous les stocks qu'Apple a voulu nous donner. On en aurait pris beaucoup plus», dit Patrick Lavoie.

Apple essaie-t-elle de créer une rareté délibérée autour de l'iPad pour créer un engouement encore plus fort?

«Je ne crois pas à cette théorie, dit l'analyste Iain Grant. Comme toute bonne entreprise, ils essaient de vendre plus d'unités s'il y a plus de demande.»

Le grand patron d'Apple, Steve Jobs, a remercié hier les consommateurs pour leur «patience» et affirmé que l'entreprise «travaille fort pour construire assez d'iPad pour tout le monde».

Apple avait dû retarder le lancement de l'iPad hors des États-Unis parce qu'elle avait sous-estimé la demande américaine. L'iPad sera lancé dans neuf pays de plus en juillet et dans d'autres pays plus tard dans l'année.