Le gouvernement canadien a enregistré pour l'exercice 2009-2010, clos le 31 mars, un déficit budgétaire de 47 milliards de dollars, moins important que prévu, selon les premières estimations fournies vendredi par le ministère des Finances.

Le ministre des Finances Jim Flaherty avait prédit un déficit record de 53,8 milliards de dollars (3,5% du PIB) pour 2009-2010.

Le montant définitif du déficit sera connu en septembre prochain, a indiqué le Ministère dans un communiqué.

Ce déficit inférieur aux projections s'explique par le fait que les revenus du gouvernement ont été «supérieurs» aux prévisions contenues dans le budget de M. Flaherty, selon le communiqué. Toutefois, des rajustements restent «possibles», notamment en raison de «la conjoncture économique mondiale toujours incertaine».

Une tranche de près de 19 milliards de ce déficit est attribuable au plan de relance de l'économie adopté par le gouvernement canadien. En 2009-2010, les recettes du gouvernement fédéral ont fléchi de 5,5%, tandis que les charges de programmes augmentaient de 16,6%, notamment en raison de la hausse des prestations versées aux chômeurs, des transferts aux autres administrations et du soutien accordé au secteur automobile.

En mars, dernier mois de l'exercice, le gouvernement fédéral a enregistré un déficit de 6,4 milliards de dollars, presque deux fois plus élevé qu'il y a un an, mais il a été contenu en partie par une forte hausse des revenus de l'État, lesquels ont augmenté de 4,3 milliards de dollars ou 22,8% sur un an.

Le déficit 2009-2010 reste le plus important de l'histoire du Canada et fait suite à celui de 2,2 milliards de dollars enregistré en 2008-2009, le premier en 12 ans pour ce pays qui avait remboursé pendant une décennie quelque 100 milliards de dollars de dettes.

Mais le montant moindre annoncé vendredi devrait faciliter la tâche de M. Flaherty qui avait prévu pour l'exercice 2010-2011, commencé le 1er avril, de ramener le déficit à 49,2 milliards de dollars ou à 3,1% du PIB.

Le déficit final pour l'exercice en cours risque d'être d'autant moins important que la reprise économique au Canada a été rapide et robuste et que M. Flaherty a établi son budget à partir de prévisions prudentes d'économistes du secteur privé, qui les ont depuis révisées en nette hausse pour 2010, à 3,1%, contre 2,6% initialement.

Et ces nouvelles prévisions demeurent en deçà de celles de la Banque du Canada, qui a également révisé les siennes en avril, tablant sur 3,7% de croissance en 2010 au lieu du 2,9% avancé en janvier.

L'économie canadienne tourne actuellement à plein régime, la banque centrale estimant que l'économie a vraisemblablement crû de 5,8% dans les trois premiers mois de l'année. Le chiffre officiel sera connu lundi et les analystes tablent sur 6%.

Face à la bonne tenue de l'économie, les analystes s'attendent aussi à ce que la Banque du Canada devienne mardi la première banque centrale du G7 à relever son taux directeur depuis la fin de la récession, malgré les inquiétudes suscitées par la crise de l'endettement dans la zone euro. Cette hausse serait d'un demi-point et ferait passer le taux à 0,75%.

Vendredi, la banque canadienne CIBC a prédit que le Canada devrait connaître au cours de la décennie actuelle une prospérité économique sans pareille parmi les pays du G7, notamment en raison de ses matières premières abondantes, du faible endettement de ses administrations publiques, de ses entreprises et des perspectives démographiques soutenues par une immigration dynamique et variée.