L'équipementier en télécoms Alcatel-Lucent a confirmé jeudi ses prévisions pour 2010, malgré une importante perte nette au premier trimestre et des ventes moindres qu'attendu, du fait d'une rupture de stocks de composants.

Sur les trois premiers mois de l'année, le groupe a creusé sa perte nette, à 515 millions d'euros, contre 402 millions l'an passé.

Il affiche par ailleurs une perte d'exploitation ajustée, c'est-à-dire en excluant les écarts d'acquisition dus à la fusion entre le français Alcatel et l'américain Lucent, de 195 millions d'euros, contre une perte de 254 millions un an auparavant.

Son chiffre d'affaires est, lui, en recul de 9,8%, à 3,24 milliards d'euros.

Ces résultats sont inférieurs aux attentes du marché, les analystes tablant respectivement sur 3,36 milliards d'euros de revenus et une perte d'exploitation ajustée de 88,7 millions d'euros, selon le consensus de Dow Jones Newswires.

À la Bourse de Paris, les investisseurs ont sanctionné ces annonces: le titre a fini en baisse de 6,5%, à 2,114 euros, dans un marché en recul de 2,2%.

Les ventes sont néanmoins en ligne avec celles annoncées par ses concurrents: le suédois Ericsson et le germano-finlandais Nokia Siemens Networks ont ainsi tous deux vu leur chiffre d'affaires reculer de 9% au premier trimestre.

Lors d'une conférence de presse téléphonique, le directeur général d'Alcatel-Lucent, Ben Verwaayen, a expliqué que les ventes avaient été affectées «par une pénurie de composants».

«Nous assistons à une reprise du marché, notamment en Amérique du Nord», a-t-il déclaré.

Or, «la reprise sur notre marché se produit en même temps que dans d'autres secteurs. Alors que des industries (nous fournissant certains de nos composants, ndlr) avaient réduit leur capacité pendant la crise, l'augmentation de la demande est venue en même temps de différents secteurs», ce qui a créé des difficultés, a-t-il souligné.

«C'est dommage (...) car cette reprise du marché se traduisait par une forte demande pour les technologies Alcatel-Lucent de nouvelle génération» - comme l'IP (Internet Protocol) et la LTE (4e génération de téléphonie mobile) - «à laquelle nous n'avons pas été en mesure de pleinement répondre», a déploré M. Verwaayen.

Le directeur financier Paul Tufano a précisé que ces problèmes de stocks n'avaient pas fait perdre, pour le moment, de contrats à la société.

Malgré ces mauvais résultats, Alcatel-Lucent, «confiant», a «réitéré ses perspectives pour 2010», s'attendant à «une forte amélioration» d'un trimestre à un autre : il prévoit une croissance du marché entre zéro et 5% et vise une marge d'exploitation ajustée comprise entre 1% et 5% de son chiffre d'affaires.

«Je pense qu'ils peuvent tenir leurs objectifs, mais pas dans le haut de la fourchette. L'objectif de chiffre d'affaires va être le plus dur à tenir, pour la marge, je n'ai pas d'inquiétude», a déclaré à l'AFP un analyste parisien.

M. Verwaayen a confirmé qu'Alcatel-Lucent serait «une entreprise normale à la fin de 2011», c'est-à-dire qu'elle renouerait alors avec les bénéfices nets sur l'ensemble de l'année.

Le groupe, depuis la fusion fin 2006, a multiplié les plans de restructuration comprenant au total la suppression de quelque 18.000 postes.