Si le prix des médicaments génériques venait à baisser au Québec, à la suite d'une telle baisse des prix en Ontario, le gouvernement du Québec devrait compenser les pharmaciens.

C'est ce qu'a expliqué en entrevue le vice-président exécutif et directeur général de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires, Normand Cadieux.

Le gouvernement de l'Ontario envisage actuellement de réduire le coût des médicaments génériques, afin d'épargner ainsi plusieurs millions de dollars.

La mesure a soulevé tout un tollé dans cette province, où les chaînes de pharmacies ont vertement critiqué le gouvernement ontarien. Une chaîne est même allée jusqu'à réduire les heures d'ouverture de ses pharmacies dans la circonscription de la ministre ontarienne de la Santé.

Or, la Politique du médicament au Québec stipule que la province doit bénéficier du meilleur prix pour ses médicaments. «Dans la réglementation au Québec, il est prévu que le Québec ne paiera jamais plus qu'une autre province canadienne. Alors si les prix baissent en Ontario, ils vont baisser ici», a expliqué M. Cadieux.

Il fait cependant valoir que si tel était le cas, les pharmaciens devraient être compensés par un autre moyen pour la baisse de revenus.

«Il y a tout lieu de croire que si l'application de la diminution de prix au Québec a une incidence négative (sur le revenu des pharmaciens), on trouvera un terrain d'entente pour s'assurer qu'il y ait une compensation par le gouvernement du Québec pour que les pharmaciens puissent continuer à assurer la même qualité de service à la population», a soutenu M. Cadieux.

Des ajustements pourraient ainsi être faits aux allocations professionnelles ou aux honoraires ou dans les plafonds imposés aux honoraires, suggère-t-il.

«Nous, on a une entente avec le Ministère et il est prévu dans notre entente que quand il y a un changement de réglementation, on s'assoit, on fait l'évaluation de ça et on fait les ajustements qui sont requis. Pour nous, ce n'est pas problématique. Les mécanismes sont prévus pour qu'on s'assoit ensemble», plaide M. Cadieux, confiant.

Il admet cependant que cette compensation n'est pas acquise d'avance pour les pharmaciens. «Il n'y a pas d'automatisme. C'est prévu dans nos ententes qu'on s'assoit et qu'on en discute. Ce n'est pas écrit d'avance la décision qui serait prise. Il y aurait une discussion à y avoir, il y aurait une négociation à faire là-dessus. Mais le mécanisme pour arriver à ça est déjà prévu.»

Le représentant des pharmaciens propriétaires du Québec prend la peine de préciser que la situation est fort différente au Québec et en Ontario. D'abord, au Québec, ce sont des pharmaciens qui sont propriétaires des pharmacies, alors qu'en Ontario, ce sont de grandes chaînes de pharmacies qui sont propriétaires. De plus, en Ontario, il existe deux politiques de prix, l'une pour le privé, l'autre pour le public.

«Nous, on a toujours trouvé moyen de s'entendre par la discussion avec le gouvernement. La situation au Québec et en Ontario, c'est le jour et la nuit. Il n'y a rien qui peut nous conduire à une telle confrontation», estime-t-il.