La majorité des entreprises s'attendent à ce que leurs ventes augmentent au cours des 12 prochains mois, même si elles ont diminué dans la dernière année.

C'est le quatrième trimestre d'affilée que l'Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE), menée par la Banque du Canada, reflète un tel optimisme chez les entreprises. «Cela signale de fortes attentes en matière de croissance des ventes, observent Derek Holt et Karen Cordes, économistes chez Scotia Capitaux. C'est la plus forte séquence d'affilée depuis les débuts de l'EPE en 1998.»

Elles prévoient aussi augmenter leurs investissements en équipement et matériel. «Les entreprises destinent maintenant de plus en plus leurs investissements à des projets d'expansion, souvent dans le but de pénétrer de nouveaux marchés ou d'élargir leur gamme de produits, ou à l'atteinte d'une efficacité supérieure», lit-on dans la présentation des résultats.

Une sur deux prévoit en outre augmenter ses effectifs au cours des prochains mois, alors qu'à peine plus de 10% pensent le contraire, ce qui est un signe encourageant en matière d'embauche. «Fait à noter, le dollar canadien cotait en moyenne 97 cents durant la durée de l'enquête, fait remarquer Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. Les répondants avaient à l'esprit que le huard se dirigeait vers la parité.»

Les résultats de l'EPE sont passés au peigne fin par les autorités monétaires pour l'établissement du taux directeur. La prochaine fixation aura lieu mardi prochain, suivie deux jours plus tard par la publication du Rapport sur la politique monétaire qui proposera un nouveau scénario en matière de croissance et d'inflation. «Compte tenu du tableau relativement optimiste concernant les ventes, les investissements et l'emploi, cela milite en faveur d'une remontée des taux d'intérêt directeurs canadiens», souligne Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

L'EPE révèle en outre qu'un nombre grandissant de répondants s'attend à une augmentation de leurs coûts de production au cours des prochains mois à cause surtout du renchérissement mondial des prix des produits de base.

L'EPE, menée entre le 22 février et 18 mars, fait ressortir aussi que près de la moitié des entreprises s'attend à pouvoir refiler à leur clientèle leurs coûts accrus. À hauteur de 45%, il s'agit de la plus forte proportion de répondants à vouloir agir de la sorte depuis le début de l'enquête. «Pareil développement est toujours suivi par une accélération significative de l'inflation», souligne Stéfane Marion, économiste en chef au Groupe financier Banque Nationale. Elles cherchent à rétablir ou à maintenir leur marge bénéficiaire, commentent simplement les autorités monétaires.

On ne sera pas étonné qu'aucun répondant ne s'attende à ce que le taux d'inflation passe sous la barre de 1%, tandis que 46% prévoient qu'il dépasse les 2% au cours des deux prochaines années. C'était 27% au quatrième trimestre. Il y a trois mois, 70% des répondants s'attendaient à ce que le taux d'inflation soit inférieur à 2% cette année. Ce n'est plus que 54%.

Selon les répondants, les conditions de crédit ont par ailleurs peu changé au cours des trois derniers mois. Elles s'étaient cependant nettement améliorées au cours du semestre précédent.

La Banque a aussi dévoilé les résultats de son autre enquête auprès des responsables du crédit. Ils font état d'un assouplissement général des conditions du crédit aux entreprises, en particulier auprès des grandes. Pour les autres, il y aurait eu stabilisation, ce qui montre bien que le crédit n'entrave plus la reprise.