Le groupe d'humoristes Les Grandes Gueules pourrait bientôt conquérir un public difficile à impressionner ces temps-ci: les actionnaires d'Astral Media (T.ACM.A), qui ont vu le bénéfice net de l'entreprise augmenter de 24% au dernier trimestre.

Gâtés par les profits des chaînes de télé spécialisées - ceux-ci sont encore en hausse de 13,7% au dernier trimestre -, les actionnaires d'Astral Media doivent composer avec des résultats plus mitigés à la radio. Au cours du dernier trimestre, qui s'est terminé le 28 février, les profits des stations de radio d'Astral ont diminué de 14% par rapport au même trimestre l'an dernier, passant de 23,3 à 20 millions de dollars. Les profits des stations NRJ, RockDétente, Boom, Virgin et The Bear ont diminué quatre fois au cours des cinq derniers trimestres.

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Astral Media espère que le retour des Grandes Gueules au micro de NRJ, leur réseau phare au Québec, permettra de hausser ses profits à la radio dès le prochain trimestre. Pendant 15 ans, Les Grandes Gueules ont animé l'une des émissions de radio les plus populaires du Québec. Au moment de leur départ, leur émission du retour à la maison était la plus populaire au pays. Ils sont de retour depuis la mi-janvier après une pause de presque trois ans. Pour le plus grand bonheur des auditeurs, mais aussi des actionnaires d'Astral Media.

«Nous avons déjà obtenu des résultats fragmentaires de cotes d'écoute qui sont encourageants, dit Jacques Parisien, président de Groupe Astral Media Radio. Ça va nous permettre d'augmenter les cotes d'écoute et, éventuellement, nos revenus.»

Aussi drôles soient-ils, les humoristes José Gaudet et Mario Tessier ne pourront régler à eux seuls la baisse de rentabilité des radios d'Astral Media. L'entreprise montréalaise investira 2,5 millions $ de plus par trimestre dans ses réseaux radiophoniques afin de hausser leurs profits. Elle mise aussi sur un rebond du marché publicitaire à la radio.

«Nous pensons que le marché publicitaire rebondira dans la deuxième moitié de l'année 2010, dit André Bureau, président du conseil d'administration d'Astral Media. Des entreprises comme GM et Ford étaient inexistantes sur le marché publicitaire l'an dernier, mais elles sont agressives cette année.»

En attendant que la pub reprenne à la radio, les actionnaires d'Astral Media peuvent bénéficier des profits en hausse des chaînes spécialisées et des chaînes payantes. Au dernier trimestre, les bénéfices avant impôts, intérêts et amortissement se sont établis à 46,2 millions, une hausse de 13,7% par rapport au même trimestre l'année précédente. Les règles du jeu sont toutefois sur le point de changer au petit écran.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) veut permettre aux télés généralistes de toucher des redevances sur les revenus du câble, au même titre que les entreprises de chaînes spécialisées comme Astral. Une décision qui n'affectera pas Astral, fait valoir son grand patron Ian Greenberg. «Le CRTC a clairement mis de côté la proposition de toucher aux redevances des chaînes spécialisées», dit le président et chef de la direction d'Astral Media.

Astral vient de déclarer son 54e trimestre consécutif de croissance de ses profits. Son bénéfice net au dernier trimestre est de 33,6 millions de dollars, une hausse de 24% comparativement aux 27,1 millions de profits déclarés à la même période l'an dernier.

Huit des dix analystes répertoriés par Bloomberg conseillent d'acheter le titre d'Astral, qui a perdu 2,63% de sa valeur hier après le dévoilement des résultats trimestriels. «Si vous pensez que le marché de la publicité va reprendre, il faut acheter le titre d'Astral», dit David McFadgen, analyste boursier chez Cormark Securities.

Aucun analyste ne suggère de vendre le titre d'Astral, qui a terminé la séance d'hier à 35,51$. «J'aime l'entreprise, mais je juge que le prix de l'action est trop élevé pour l'instant», a dit à La Presse Affaires un analyste recommandant plutôt de conserver le titre d'Astral.