Les futures redevances aux télés généralistes privées ne diminueront pas le nombre d'abonnés au câble, selon un rapport du CRTC dévoilé hier. Une hypothèse partagée par l'Union des consommateurs, qui anticipe toutefois une hausse du prix du câble.

«Le consommateur va écoper, dit Anthony Hémond, analyste en télécommunications à l'Union des consommateurs, un organisme de défense des droits des consommateurs. Comme on manque de choix au Canada, les gens ne vont pas se désabonner au câble. Aux États-Unis, les gens ont la possibilité de regarder leurs émissions de télé sur le web avec le site Hulu.com. Au Canada, il n'y a que quelques séries sur Tou.tv et sur les sites web de certains diffuseurs.»

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Dans son rapport remis hier au gouvernement Harper, le Conseil sur la radiodiffusion et les télécommunications canadiennes (CTRC) est d'avis qu'une hausse du coût du câble ne se traduira pas par une perte d'abonnés pour les distributeurs. Le CRTC fait valoir que le nombre d'abonnés au câble de base a augmenté de 17,2% (de 9,3 à 10,9 millions d'abonnés) entre 2002 et 2009. Durant cette période, le prix du câble est passé de 36,78$ à 53,22$, soit une hausse de 46,7%. «Cela incite à croire que de nombreux Canadiens peuvent absorber une hausse des tarifs même s'ils s'y opposent», écrit le CRTC, qui admet qu'une hausse du prix du câble aurait des «répercussions plus fortes» sur les ménages à faible revenu.

Au lendemain de sa décision de permettre les négociations de redevances aux télés généralistes privées, le CRTC a reçu des avertissements sur la colline parlementaire à Ottawa. Autant le gouvernement Harper que l'opposition officielle libérale souhaitent que les changements annoncés lundi n'augmentent pas le prix du câble. Les distributeurs promettent de refiler toute nouvelle redevance aux consommateurs.

Pas de nouveaux impôts

«Nous ne voulons pas voir de nouveaux impôts ou de nouvelles taxes pour les consommateurs, dit James Moore, ministre fédéral du Patrimoine canadien. On veut voir le CRTC régler le problème sans imposer de nouveaux impôts et de nouvelles taxes aux consommateurs.»

«Le consommateur n'a pas atteint sa limite mais un jour, il va l'atteindre, surtout qu'il est tenu un peu en otage par les distributeurs», dit le député Pablo Rodriguez, critique libéral en matière de patrimoine canadien.

L'Union des consommateurs tient toutefois à mettre en garde le CRTC: les abonnés au câble n'accepteront pas indéfiniment des hausses du prix. «Le CRTC se dit que les gens aiment trop la télé pour se désabonner, mais il y a un point de rupture qui pourrait bientôt être atteint», dit l'analyste Anthony Hémond.

Le Bloc québécois n'a pas voulu commenter la décision du CRTC, qui a décidé lundi de permettre aux télés généralistes privées de négocier des redevances sur les revenus du câble avec les distributeurs. En cas d'échec des négociations, les télés généralistes pourront retirer leur signal des ondes d'un distributeur. Les négociations ne commenceront pas avant six mois car le CRTC a demandé à la Cour d'appel fédérale de statuer sur son pouvoir d'imposer un tel régime.

Dans son rapport remis au gouvernement Harper, le CRTC écarte l'idée d'imposer un service de câble de base à prix réduit, une suggestion des télés généralistes durant les audiences publiques l'automne dernier.

Le CRTC recommande toutefois au gouvernement fédéral de créer un organisme indépendant qui examinera les plaintes des consommateurs à l'égard des services de distribution du câble. Aucun organisme n'a remplacé le Conseil des normes de télévision par câble, dissout en 2006.

Autre suggestion du CRTC: subventionner l'achat de matériel de réception numérique pour les consommateurs, comme l'a fait le gouvernement fédéral américain. Celui-ci a accordé deux coupons de 40$ par famille, alors que le matériel de base de réception numérique coûte environ 40$ par téléviseur. La télé canadienne complétera son passage à la technologie numérique le 31 août 2011.