La croissance réelle des économies canadienne et américaine sera aux environs de 3% cette année et en 2011.

Exprimé en dollars courants, le produit intérieur brut (PIB) progressera cependant plus vite de ce côté-ci de la frontière, selon la mise à jour des prévisions économiques du Groupe financier Banque TD.

En fait, le PIB nominal devrait bondir de 5,7% et 4,7% au pays, contre 3,9% et 4,4% aux États-Unis. Moins utilisé par les économistes, le PIB nominal est scruté de près par la classe politique. Il sert de baromètre de la variation de l'assiette fiscale.

Ce bond du PIB nominal ne reflète pas forcément des tendances inflationnistes. Au Canada, il fluctue beaucoup selon l'évolution des prix des matières premières. En 2008, alors qu'ils se sont effondrés, le PIB nominal avait reculé de 4,5% alors que le repli du PIB réel avait été limité à 2,6%. Aux États-Unis où la contraction du PIB réel a atteint 2,4%, le nominal a perdu 1,35 de sa taille seulement.

Selon les auteurs de l'étude intitulée Une reprise semée d'embûches, c'est le niveau de chômage élevé aux États-Unis qui reste le principal frein à la croissance et surtout à la relance des mises en chantier. La récession a créé 8,4 millions de chômeurs aux États-Unis. La reprise amorcée l'été dernier continue de détruire des emplois. Le taux de chômage, qui s'élève à 9,7%, ne franchira pas le plancher de 9,0% avant l'été 2011. Alors, l'entreprise privée devrait enfin pouvoir prendre la relève du plan de relance de Washington.

Dans ce contexte, les Américains hésitent à s'acheter une maison. Même s'il se forme 1,4 million de ménages par année, les mises en chantier stagnent sous les 600 000 logements. «Plus de 4,6 millions de prêts hypothécaires sont actuellement en souffrance, ce qui est davantage que les quelque 3,6 millions de maisons actuellement sur le marché», rappellent les auteurs.

Cela pèsera bien sûr sur les exportations canadiennes, deuxième fournisseur de l'Oncle Sam après la Chine. Elles progresseront moins vite que nos importations, soit la situation inverse de celle de nos voisins.

Le commerce extérieur sera source de croissance aux États-Unis, mais c'est plutôt la demande intérieure qui sera le moteur de l'expansion canadienne.

Le taux de chômage canadien moyen sera de 8,1% cette année et de 7,6% l'an prochain.

Dans l'ensemble, les économistes de TD pensent que la croissance sera aussi ralentie par le retard qu'ont pris les entreprises à investir en machines et matériel, malgré l'intention d'Ottawa de réduire l'imposition des investissements en capital.

De manière générale, la reprise de l'économie mondiale s'avère plus robuste que ce qui était entrevu, il y a quelques mois à peine. Cela amène la TD à porter de 3,9% à 4,1% sa prévision de 2010.

Toutefois, rappellent ses économistes, «les reprises consécutives à des récessions provoquées par une crise financière sont deux fois plus longues que celles suivant une récession cyclique normale».

Il subsiste plusieurs inconnues: comment les banquiers centraux mettront-ils fin à leurs mesures d'assouplissement monétaire hors norme? Agir trop tôt peut tuer la reprise dans l'oeuf. Trop tarder relancera l'inflation qu'il faudra mater en freinant la croissance.

L'endettement des États crée beaucoup de nervosité sur les marchés financiers. La crise des finances publiques grecques a créé une onde de choc, non seulement dans la zone euro, mais sur la plupart des places boursières.

Or, il n'y a pas que l'archipel hellène qui inquiète. Les déficits britannique et américain font sourciller bon nombre d'experts. «Le monde industrialisé n'amorcera que très graduellement son sevrage de politique monétaire plus qu'accommodante à laquelle il est actuellement accroché», estiment les auteurs.