Malgré leurs records d'auditoire, les Jeux olympiques de Vancouver n'ont pas été rentables au petit écran du pays hôte. Le consortium CTV-TSN-V-RDS a diffusé à perte les exploits des athlètes olympiques, en partie en raison des auditoires plus faibles au Québec, a appris La Presse Affaires.

Selon nos informations, les pertes subies à Vancouver seraient modestes. Le consortium a ainsi bon espoir de récupérer les quelques millions perdus à Vancouver lors des Jeux d'été de Londres, en 2012.

 

Une analyste torontoise du milieu de la télévision n'est pas surprise des informations de La Presse Affaires. «Je n'ai pas les chiffres, mais je ne pense pas que le consortium a fait des profits. Une chose est certaine: ils n'ont pas vendu toutes leurs pubs. C'est pourquoi on a vu plusieurs annonces de leurs propres émissions de télé», dit Kim Dougherty, directrice nationale de la publicité télé de la firme OMD, qui achète des pubs aux réseaux de télé pour ses clients.

Le consortium canadien, qui a payé 90 millions US au CIO afin de diffuser les Jeux de Vancouver, fera son bilan financier seulement après les Jeux de Londres, à l'été 2012. «Nous avons acheté les droits pour ces deux éditions des Jeux olympiques, dit Gerry Frappier, chef de mission francophone du consortium de diffusion et PDG de RDS. L'objectif est d'être rentable sur l'ensemble du contrat et c'est ce que nous pensons être capables de faire.»

Selon nos informations, trois des quatre principaux réseaux du consortium - RDS, CTV et TSN - ont livré les cotes d'écoute promises aux annonceurs (voir tableau). Seul V a livré en deçà des cotes d'écoute promises. En heure de grande écoute, V était en déficit de cotes d'écoute de 436 000 téléspectateurs. V n'a toutefois perdu aucun sou dans son aventure olympique car le consortium louait la chaîne généraliste à raison d'un tarif fixe, insensible aux fluctuations des cotes d'écoute. «V n'a pris aucun risque financier», dit Gerry Frappier.

Au moment de la création du consortium en 2005, CTVglobemedia détenait 40% de l'ex-TQS, aujourd'hui la propriété des frères Maxime et Julien Rémillard. «Louer les ondes de V était une solution abordable pour le consortium, mais V n'était pas la bonne chaîne de télé pour diffuser les Jeux olympiques», dit Kim Dougherty, de la firme OMD.

Au Québec, le duo V-RDS a livré des cotes d'écoute inférieures de 163 000 téléspectateurs à ce qui avait été promis aux annonceurs. Au Canada anglais, le duo CTV-TSN a livré des cotes d'écoute supérieures de 1,2 million de téléspectateurs aux attentes, qui servent de bases pour négocier les tarifs publicitaires.

Un autre indice qui fait dire à Kim Dougherty que le consortium a terminé les Jeux dans le rouge: les trois minutes de pub supplémentaires permises par le CIO lors de la finale de hockey remportée par le Canada n'ont pas toutes été vendues.

Le consortium se dit satisfait de ses auditoires olympiques. La victoire du Canada contre les États-Unis en hockey a établi un record d'auditoire dans l'histoire de la télé au pays (16,6 millions de téléspectateurs). Au Québec, la cote d'écoute de 2,5 millions est la plus importante pour un événement sportif. «Nous avons brisé tous les records au Canada anglais, dit Gerry Frappier. Du côté francophone, ce furent des bonnes cotes d'écoutes, mais pas des records comme au Canada anglais.»

Les pertes modestes du consortium canadien n'ont rien à voir avec celles du diffuseur américain NBC, qui s'attendait avant les Jeux à perdre «plusieurs centaines de millions de dollars» selon Jeffrey Immelt, PDG de GE, qui détient NBC (la vente du réseau à Comcast n'a pas été officialisée). NBC a payé 820 millions US pour les droits de diffusion des Jeux de Vancouver.

NBC n'a pas chiffré la somme de ses pertes après les Jeux. Ses auditoires ont été meilleurs que prévu: 190 millions de téléspectateurs, ce qui place Vancouver au deuxième rang des Jeux d'hiver après Lillehammer en 1994 (204 millions). En moyenne, la couverture olympique de NBC a attiré 24,4 millions de téléspectateurs par soir, soit 9% plus de téléspectateurs que Fox, CBC et ABC réunis. À Lillehammer, le diffuseur olympique CBS avait obtenu un écart de 8% sur les cotes d'écoute de ses principaux concurrents réunis.

 

LES AUDITOIRES DES JEUX DE VANCOUVER AU CANADA (français et anglais)

Diffuseurs : CTV, TSN, V, RDS, Sportsnet, CPAC et autres

ÉVÉNEMENT SPORTIF / AUDITOIRE (en millions de téléspectateurs)

Match de hockey masculin Canada États-Unis (médaille d'or)* 16,6

Cérémonies de clôture 14,3

Cérémonies d'ouverture 13,5

Match de hockey masculin Canada États-Unis (ronde préliminaire) 10,6

Match de hockey masculin Canada Russie (ronde préliminaire) 10,5

Match de hockey masculin Canada Slovaquie (demi-finale) 9,7

Match de hockey féminin Canada États-Unis (médaille d'or) 7,5

Finale masculine de patinage courte piste 1000 mètres 7,44

Match de hockey masculin Canada-Allemagne (ronde préliminaire) 7,4

Match de hockey masculin Canada-Norvège (ronde préliminaire) 6,9

* Record d'auditoire dans l'histoire de la télévision au Canada.

Sources : Consortium médiatique canadien de diffusion olympique