Pour la première fois en cinq ans, la valeur des acquisitions canadiennes aux mains d'investisseurs étrangers dépasse celle des actifs canadiens passés à des intérêts extérieurs.

Selon la compilation faite par Crosbie and Co., les investisseurs canadiens, qui ont moins souffert de la crise du crédit que leurs concurrents étrangers, ont annoncé 223 transactions d'une valeur de 41 milliards de dollars avec des intérêts étrangers, l'an dernier. En 2008, le nombre de transactions réalisées par des Canadiens avait été plus élevé, mais leur valeur totale avait été limitée à 22,75 milliards.

Ces transactions regroupent les acquisitions d'entreprises à l'étranger (204) ou de sociétés canadiennes détenues par des étrangers (19).

Dans la première catégorie, on retrouve l'achat de Macquarie Communications Infrastructure Group par le Régime de pension du Canada au prix de 8,7 milliards de dollars australiens. Dans la seconde, on remarque évidemment l'achat du Centre Bell, du Club de hockey Canadien et de Gillet Entertainment Group par un groupe d'investisseurs dirigés par les frères Molson.

Au quatrième trimestre, la tendance s'est poursuivie de plus belle. Mentionnons l'acquisition, moyennant plus de 6 milliards, de l'australienne Transurban Limited par Teachers' et de nouveau par le Régime de pension du Canada.

Citons aussi l'achat de la franchise nord-américaine de Diners Club par la Banque de Montréal des mains de Citigroup, pour la bagatelle de 1 milliard US.

Les investisseurs canadiens ont concentré leurs efforts surtout sur des cibles américaines. Près de la moitié des acquisitions avaient des intérêts américains pour contrepartie. La valeur de ces transactions s'est élevée à 14,9 milliards, soit à peu près la même somme qu'en 2008.

De leur côté, les étrangers ont annoncé l'acquisition de 125 entreprises détenues par des Canadiens, dont 83 au pays. La valeur totale de ces transactions s'élève à 33,7 milliards, soit 1,5 milliard de moins qu'en 2008. Parmi les belles prises, Korea National Oil Corporation a mis la main sur Harvest Energy Trust, moyennant 4,1 milliards.

Si les Américains restent les plus friands d'entreprises canadiennes, ils ont été beaucoup moins gourmands qu'en 2008, limitant leurs achats à 5,4 milliards, comparativement à 12,8 milliards, l'année précédente.

Toutefois, la majorité des 858 transactions de 5 millions et plus annoncées l'an dernier avaient uniquement des intérêts canadiens pour contrepartie.

Le secteur de l'énergie

La plus grosse est sans contredit la prise de Petro-Canada par Suncor, un marché de 19,2 milliards.

C'est d'ailleurs encore une fois le secteur de l'énergie qui a donné lieu aux échanges d'intérêts les plus importants.

Hydro-Québec s'est montrée active avec l'achat de Manicouagin au prix de 615 millions à AbitibiBowater, en début d'année, et par sa volonté de mettre la main sur les actifs de production d'Énergie NB au prix de 3,2 milliards.

L'immobilier vient bon deuxième et devance la production de biens industriels. Parmi les transactions, on remarquera celle entre Ivanhoe Cambridge et Primaris Retail Real Estate Investment Trust. La filiale de la Caisse de dépôt et placement a cédé le centre commercial Sunbridge de Calgary et la moitié de sa participation dans le centre Woodgrove sur l'île de Vancouver au prix de 358 millions. Ivanhoe Cambridge reste le gestionnaire de Woodgrove.

La fabrication de biens industriels avait tenu le haut du pavé au cours des années précédentes avec notamment la vente à des intérêts étrangers de Falconbridge et d'Inco qui avait créé certains émois.

L'an dernier, c'est plutôt Xtrata, l'acquéreur de Falconbridge, qui a cédé à Barrick Gold sa participation dans El Morro au Chili.

En tout, l'ensemble des 858 transactions recensées par Crosbie représente une valeur minimale de 138 milliards. Du nombre, 121 ont été annoncées sans que leur valeur soit divulguée.

En 2008, Crosbie avait dénombré 1146 échanges d'intérêts, mais leur valeur avait à peine excédé 110 milliards.

Tant en 2008 qu'en 2009, les ententes de moins 250 millions ont été les plus nombreuses.

Dix-neuf seulement ont dépassé la marque du milliard.