Le chiffre de la croissance économique des États-Unis au quatrième trimestre a été révisé en hausse vendredi, mais cette amélioration masque les faiblesses d'une économie américaine encore fortement dépendante des efforts de relance du gouvernement et de la banque centrale.

Sur les trois derniers mois de l'année, le PIB américain a crû de 5,9% en rythme annuel par rapport au trimestre précédent, selon la deuxième estimation du département du Commerce.

C'est mieux que ne le prévoyaient les analystes, qui tablaient sur un maintien de la prévision initiale d'une croissance de 5,7%.

Cependant, si la croissance s'est effectivement renforcée pendant les trois mois d'automne (la hausse du PIB avait été de 2,2% au troisième trimestre), les nouveaux chiffres du ministère sont à de nombreux égards moins bons que ceux de sa première estimation publiée fin janvier.

L'essentiel de la révision est dû à des effets comptables de variations des stocks. Le simple fait que les entreprises aient déstocké moins qu'au troisième trimestre a apporté 3,88 points de croissance au pays, soit presque les deux tiers de la hausse du produit intérieur brut.

Presque toutes les composantes du PIB sont moins bonnes que lors de la première estimation, à commencer par la consommation des ménages, moteur traditionnel de l'économie américaine qui a ralenti plus qu'annoncé initialement, pour n'augmenter que de 1,7%, après une hausse de 2,8% au troisième trimestre.

La contribution du commerce extérieur à la croissance et la hausse de l'investissement des ménages dans l'immobilier apparaissent moins élevées que dans la première estimation. Quand à la baisse de la dépense publique, elle se révèle plus forte.

Surtout, la demande totale des entreprises et des ménages ressort plus faible, avec une hausse de 1,9% seulement en rythme annuel.

«Pas très encourageant», estime Ian Shepherdson, économiste de l'institut HFE, alors que nombre d'indicateurs économiques publiés depuis le début de l'année (et encore vendredi avec une chute des ventes de logements anciens et une baisse de la confiance des consommateurs) témoignent de la fragilité de l'économie américaine.

Les chiffres du ministère accréditent l'idée d'une reprise encore «superficielle», selon l'expression employée jeudi par Sandra Pianalto, une des dirigeantes de la banque centrales américaine (Fed).

La veille, le président de la Fed, Ben Bernanke, avait jugé que la reprise n'était encore que «naissante».

Alors que la Fed table sur une croissance lente en 2010 qui atteindrait péniblement 2,8 à 3,5% en rythme annuel à la fin de l'année, M. Bernanke a peint un tableau plutôt terne de la conjoncture, avec la persistance d'un marché de l'emploi «très mauvais», nécessitant selon lui encore longtemps le maintien d'un taux directeur très bas (il est actuellement à quasi zéro).

Analyste de la banque Natixis, Ina Mufteeva prévoit un fort ralentissement de la croissance dès le premier trimestre. Elle estime même que celui-ci devrait s'intensifier au second semestre avec l'évanouissement des derniers effets du plan de relance budgétaire et la persistance d'une demande intérieure fragile en l'absence de véritable reprise du marché de l'emploi.

La seule véritable bonne nouvelle apportée par les chiffres du PIB est celle d'une reprise de l'investissement des entreprises beaucoup plus forte que dans la première estimation.

«Mais les sociétés ont besoin d'être convaincues que l'expansion va continuer si l'on veut qu'elles contribuent à une reprise tirée par l'investissement», estime Augustine Fouchier, analyste de Moody's Economy.com.