Si, le 4 janvier au matin, vous avez eu la bonne idée d'investir les 5000$ de votre CELI en achetant des actions d'Exfo, de Québec, votre placement vaut aujourd'hui 7350$. Un rendement de 47% en six petites semaines. La Presse Affaires s'est demandé ce qui se passait au bout de la 40.

Le chef des finances d'Exfo, Pierre Plamondon, est un fan du iPhone. «C'est merveilleux, dit-il au bout du fil. Tout le monde devrait en avoir un.»

Il ne prêche toutefois pas par l'exemple. C'est grâce à un BlackBerry qu'il peut lire ses courriels à distance.

BlackBerry, iPhone... peu importe le nom du téléphone intelligent, le résultat est le même pour l'entreprise de Québec: leur multiplication signifie une nécessaire croissance du chiffre d'affaires. «La sortie des BlackBerry intelligents, des iPhones, etc., ç'a été une révolution. C'est venu engorger les réseaux des opérateurs de façon majeure.»

C'est cet engorgement qui fait le pain et le beurre d'Exfo. Avec ses 1200 employés, l'entreprise fondée il y a 25 ans fournit aux Bell, Vidéotron et Rogers de ce monde des systèmes pour tester leurs réseaux de fibre optique, que ce soit lors de la construction de nouvelles lignes ou pour bien gérer le trafic de données.

«Le driver de notre business, c'est l'augmentation de la bande passante dans les différents réseaux mondiaux», explique-t-il encore, citant notamment la popularité de sites comme YouTube, qui prennent beaucoup d'espace sur l'autoroute de l'information. Et on ne parle pas encore de la télévision en direct sur les téléphones, comme on la capte de plus en plus en Europe et en Asie...

Combinaison de facteurs

Voilà donc pour la mise en contexte. Mais ça n'explique pas pourquoi le titre d'Exfo a pris 47% depuis le début de l'année. À titre de comparaison, les deux Bourses où est inscrite Exfo, Toronto et le NASDAQ, ont reculé de 2,4% et 3,8% respectivement pendant la même période. L'écart est donc de 50%.

Quand on lui demande ce qui s'est produit, M. Plamondon évoque «une combinaison de facteurs». En regardant de plus près l'évolution du titre, on s'aperçoit qu'il a gagné plus de 20% le 5 janvier et a fini la séance à 4,67$ à Toronto et 4,55$US au NASDAQ.

La veille, un analyste de la firme B Riley, de Los Angeles, a commencé à suivre le titre avec une recommandation d'achat et un prix cible de 4,70$US. L'analyste Dave Kang a depuis revu à la hausse sa cible, à 6,19$US.

Dans son rapport initial, M. Kang insiste sur l'augmentation du trafic sur les réseaux, qui nécessitera de nouveaux investissements de la part des grandes entreprises de télécoms. «À lui seul, YouTube a nécessité plus de bande passante en 2008 que le trafic complet sur les réseaux américains en 2000, écrit-il. Après une année de ralentissement à cause de la récession, l'industrie des réseaux optiques est en mode récupération, les entreprises commençant à améliorer leurs infrastructures.»

Cette amélioration s'est matérialisée dans les résultats d'Exfo, le 12 janvier. Après la fermeture des marchés, l'entreprise a annoncé des ventes à 45,6 millions US, en hausse de près de 25% par rapport au trimestre précédent. Le bénéfice brut, lui, a atteint 63,9%, son plus haut niveau en près de neuf ans.

Le lendemain, le titre d'Exfo a encore monté de 10%. «La reprise économique dans le secteur des télécoms (...) s'est vue dans nos résultats du premier trimestre et dans les résultats d'autres entreprises comme Cisco ou nos concurrents», souligne encore M. Plamondon.

Sans dette et avec 68 millions US dans ses coffres, Exfo «peut continuer à voir ce qui est disponible dans le marché». L'an dernier, l'entreprise n'a effectué qu'une petite acquisition (pour environ 2 millions US) en Suède. Il faut remonter à 2008 pour voir deux achats substantiels, totalisant plus de 40 millions US.

Exfo emploie 1200 personnes, dont 550 à Québec et une centaine à Montréal. Près de 200 chercheurs travaillent aussi pour elle en Inde.