Les défis de la reprise dans différents pays

Grèce

Cette année, le déficit budgétaire de la Grèce équivaut à 12,7% de la taille de son économie. C'est trois fois plus que la limite autorisée pour les pays de la zone euro. Ceux de l'Espagne, de l'Irlande et du Portugal dépassent les 10%, tout comme celui des États-Unis d'ailleurs. La Grèce inquiète d'autant plus que sa dette cumulée représente déjà 112,6% de son produit intérieur brut.

C'est toutefois le déficit du Royaume-Uni qui mérite le prix citron, à hauteur de 13% du PIB. Heureusement, la Vieille Albion a une longue tradition de gestion de crise de ses finances publiques, ce qui n'est pas le cas de la Grèce où fleurit l'évasion fiscale. Faute de trancher le noeud gordien grec, l'Europe risque de traverser des crises budgétaires en cascade à mesure que d'autres pays ploieront sous le service de leur dette souveraine.

États-Unis

La gestion de la politique monétaire pose un grand défi qui divise les experts. Naviguant dans une fourchette de zéro à 0,25%, le taux directeur se situe en fait à quelque 200 centièmes sous la ligne de flottaison, si on tient compte de l'inflation. Pareille situation ne s'était produite que durant les années 1970 et avait vite créé un climat inflationniste intenable. Pour soigner le mal qui ronge le capital, la Fed avait dû porter son taux directeur au-delà de 20%, ce qui avait provoqué la grave récession de 1981-82.

Chine

L'économie chinoise navigue à nouveau par bon vent comme avant la récession. Elle a vogué à 10,78% en rythme annualisé au quatrième trimestre. Les pressions inflationnistes se font grandissantes : à lui seul le prix des propriétés est en hausse de 9,5% et les prix des producteurs ont bondi à 4,3%. Bien que peu probable, une cassure de la mâture de la troisième économie du monde vu sa surchauffe pourrait faire tomber la reprise mondiale en panne. La Chine agit comme remorqueur, mais elle défie certaines lois de la navigation dans la mer des marchés. Elle va continuer d'accumuler les litiges commerciaux, ce qui n'ira pas sans tensions internationales.

Canada

Existe-t-il ou non une bulle dans l'immobilier résidentiel susceptible d'éclater comme aux États-Unis? Tant sur les marchés de la maison neuve que de la revente, les prix ont retrouvé leurs niveaux d'avant-récession, les ont même dépassés dans plusieurs centres urbains, dont Montréal où ils n'ont jamais reculé. La faiblesse historique des taux d'intérêt stimule le marché, mais on craint que les acheteurs aient les yeux plus grands que la panse. On presse Ottawa de carguer les normes de garanties de prêts de la SCHL, mais il se laisse tirer l'oreille. Entre-temps, le Bureau de la concurrence veut s'attaquer aux pratiques du Service inter-agences parce qu'il gonfle le prix des commissions. Si celles-ci devaient diminuer, elles stimuleraient davantage un marché dont les voiles sont déjà gonflées à bloc.