Les gros développeurs de jeux vidéo souffrent financièrement de l'impact de la récession et de la transition accélérée du marché des jeux sur disques vers les jeux en ligne et sur l'internet.

Dans ce contexte, les derniers résultats provenant d'Electronic Arts et d'Ubisoft, qui gèrent les plus gros studios de jeux à Montréal, ont encore déçu leurs actionnaires.

Chez la française Ubisoft, les résultats partiels divulgués hier montrent une baisse de 2,7% des revenus, pour le trimestre terminé le 31 décembre.

Et même moins prononcé que lors des deux trimestres précédents - revenus réduits de 22% après neuf mois - ce recul est survenu malgré le gros succès d'une récente parution d'Ubisoft: Assassin's Creed 2 (AC-2).

Ce jeu produit aux studios de Montréal et lancé en début de saison de Noël 2009 a atteint les 8 millions d'exemplaires expédiés en deux mois seulement.

N'empêche, ces gros revenus d'AC-2 ont à peine suffi à combler la «sous-performance» du reste du catalogue d'Ubisoft, ont indiqué ses dirigeants, hier, lors d'une téléconférence d'analystes.

En Bourse, les investisseurs ont encore laissé glisser les actions d'Ubisoft de plus de 1%, à sa cote la plus faible depuis juillet 2006.

Le chef de la direction d'Ubisoft, Yves Guillemot, a notamment blâmé «le piratage» des jeux sur disques pour une partie des revenus manquants.

Mais aussi, il a cité la transition du marché vers les jeux en ligne au détriment des ventes de jeux sur disques, ce qui a résulté en une fin d'année 2009 décevante pour tout le secteur.

D'ailleurs, c'est pourquoi les prochaines parutions d'Ubisoft comprendront plus de versions en ligne des jeux.

Aussi, selon M. Guillemot, Ubisoft entend se démarquer dans le marché difficile en misant surtout sur de prochains titres de «haute-qualité».

Et malgré la pression sur sa rentabilité à court terme, Ubisoft veut maintenir ses investissements en recherche et développement.

«Ces dernières années, nous avons développé des studios et formé beaucoup de gens qui peuvent livrer davantage de produits de haute-qualité, qui auront plus de chance de succès», a indiqué M. Guillemot à un analyste qui s'enquerrait des coûts d'exploitation.

Ces propos du patron d'Ubisoft devraient être réconfortants parmi son important effectif montréalais, qui appréhendait des mesures d'austérité à la suite de gros déficits trimestriels.

D'autant que chez le concurrent Electronic Arts (EA), dont l'effectif montréalais se compte aussi par centaines, les résultats divulgués lundi soir étaient de peu de réconfort.

Les ventes d'EA lors du trimestre terminé le 31 décembre étaient en baisse marquée de 25% à 1,24 milliard US.

En contrepartie, EA a réduit sa perte nette trimestrielle - la 11e consécutive - à 82 millions, sept fois moins qu'un an plus tôt.

Mais de l'avis d'analystes, ce déficit réduit découle surtout des compressions de coûts substantielles chez EA depuis un an, dont la fermeture de studios et la suppression de 2500 emplois.

Pendant ce temps, les efforts d'EA pour grossir son marché des jeux en ligne et compenser le déclin des ventes sur disques tardent à porter fruits.

D'ailleurs, ses dirigeants ont indiqué lundi que les revenus annuels devraient repasser bientôt sous les 4 milliards, au niveau d'il y a deux ans.

En Bourse, les investisseurs déçus ont laissé tomber les actions d'EA de 8,7%, à leur plus bas depuis le creux boursier de mars 2009.