Bell Canada (T.BCE) accentue le déploiement de la fibre optique dans son réseau terrestre afin d'ouvrir la voie à de nouveaux services comme la télédistribution par l'internet, d'ici quelques mois.

Le réseau de la fibre optique est en voie d'être complété dans les régions de Montréal et de Toronto, ce qui augmentera à plus de 3 millions le nombre d'abonnés ayant accès à des télécoms numériques à haut débit, jusqu'à 25 millions de bits par seconde (Mbps).

Mais ensuite, c'est dans la région de Québec que Bell concentrera ses investissements en fibre optique, avec l'objectif d'y relier directement tous ses abonnés d'ici trois ans.

Ces liens de fibre optique jusqu'aux utilisateurs résidentiels et commerciaux, au-delà des postes-relai de quartier, visent l'implantation éventuelle de services à très haut débit, de 60 à 100 Mbps.

En étendant ainsi la fibre optique, Bell vise à se donner la capacité technique de rehausser sa gamme de services de télécoms, qui migrent de plus en plus vers les signaux numériques de type internet.

Aussi, à l'instar de ses concurrents en câblodistribution, Bell mise sur un réseau plus costaud pour rehausser ses revenus et bénéfices par abonné.

«Nous réaffirmons notre engagement stratégique d'investir dans les réseaux et services à large bande», a commenté George Cope, président et chef de la direction de Bell Canada Entreprises, lors de la présentation hier des résultats de quatrième trimestre et de fin d'exercice 2010.

D'ailleurs, à la lumière de ces résultats, les investissements de Bell pour rehausser la capacité de ses réseaux ont un impact rapide sur son achalandage commercial.

C'est déjà le cas pour son importante division de téléphonie sans fil. Les résultats financiers publiés hier étaient les premiers connus depuis l'achèvement, en novembre, d'une importante modernisation du réseau sans fil de Bell.

En particulier, Bell a rechaussé sa capacité d'accueil des téléphones portables dits «intelligents», comme les iPhone de la société Apple et Blackberry Bold de Research In Motion (RIM).

La conséquence: la division de sans-fil de Bell a connu un quatrième trimestre record en recrutement de clients, avec 523 000 nouveaux abonnés. Et même après la soustraction des abonnés perdus durant le trimestre, le gain net de clientèle a atteint 163 000 nouveaux abonnés. C'est 39% supérieur au trimestre correspondant un an plus tôt.

Ce gain de clientèle a permis à Bell d'accroître de 5,7% ses revenus dans le sans-fil durant le quatrième trimestre, et de 1,8% pour l'ensemble de l'exercice 2009.

La rentabilité du sans-fil a toutefois rétréci, conséquence selon Bell de la concurrence accrue sur le marché et des promotions aux achats d'appareils par les nouveaux usagers.

N'empêche, pour tout BCE, les principaux résultats du quatrième trimestre se sont avérés conformes aux attentes des analystes et des investisseurs boursiers.

Les revenus étaient en hausse de 3,8% à 4,65 milliards. Et le bénéfice net de 350 millions pour le trimestre (0,46$ par action) était favorable malgré le léger recul du bénéfice d'exploitation.

Pour tout l'exercice 2009, BCE a doublé son bénéfice net à 1,63 milliard. Mais c'est en comparaison d'une fin d'exercice 2008 marquée par d'importantes pertes sur placements et des frais de restructuration.

Plus significatif, le bénéfice d'exploitation de BCE en 2009 a progressé de 1,2% malgré une faible hausse de 0,4% des revenus totaux.

De l'avis d'analystes, la suppression de 3500 emplois chez Bell depuis deux ans a contribué à ce gain de rentabilité.

«Bell Canada a coupé beaucoup de gras dans son exploitation» selon Dvai Ghose, analyste en télécoms chez Genuity Capital Markets, à Toronto.

Par ailleurs, manifestement confiants du rendement des investissements de Bell dans ses réseaux, ses dirigeants ont étalé des objectifs financiers pour l'exercice 2010 qui dépassent les attentes des analystes.

BCE cible un gain de bénéfice net (hors frais spéciaux) de l'ordre de 6% à 10% d'ici un an, malgré une hausse modeste de 1% à 2% des revenus.

En Bourse, les investisseurs ont manifesté leur appréciation en poussant les actions de BCE en hausse de 2,5% à 28,31$. Cette hausse était aussi à contre-courant de marchés en fort repli de plus de 2% à Toronto et à New York.

 

PRINCIPAUX RÉSULTATS DE BCE

4e TRIMESTRE 2009 (var. un an) / EXERCICE 2009 (var. un an) / OBJECTIFS 2010

Revenus: 4,65 milliards (+3,8%) / 17,73 milliards (+0,4%) / +1% à 2%

Bénéfice d'exploitation: 1,73 milliard (-0,2%) / 7,08 milliards (+1,2%) / + 2% à 4%

Bénéfice net: 350 millions (+ 398 M$) / 1,63 milliard (+100%) / n.d.

Bénéfice net par action (dilué): 0,46$ (+ 0,52$) / 2,11$ (+108%) / + 6% à + 10%

Sources : BCE, Bloomberg