Deux sondages dévoilés hier dressent un portrait contrasté du moral des Canadiens au terme de ce qui s'est présenté comme la pire récession d'après-guerre.

Selon la Banque Royale, la confiance des consommateurs canadiens s'est effritée le mois dernier, en raison des craintes que suscitent les pertes d'emplois et le niveau d'endettement des ménages.

L'indice consacré à la confiance des consommateurs a baissé à 106 en janvier comparativement à 108 en décembre, a précisé hier la banque torontoise. Pas moins de 26% des participants au sondage ont indiqué qu'un membre de leur ménage craignait de perdre son emploi, comparativement à 21% en décembre, tandis que 58% s'inquiétaient de leur niveau d'endettement.

De son côté, le Conference Board du Canada affirme que les consommateurs canadiens se sentent mieux face à l'économie et commencent à voir la lumière au bout du tunnel de la récession. L'organisme a indiqué hier que son indice sur la confiance des consommateurs avait augmenté de 13,8 points de pourcentage en janvier pour se hisser à 96,6 points, soit son niveau le plus élevé en 23 mois, par rapport au niveau de référence de 100 points de 2002.

Les provinces de l'Ouest ont mené la charge, la Colombie-Britannique ayant enregistré son gain mensuel le plus important. L'indice de l'Ontario a atteint le double de son niveau de décembre 2008.

En août, le taux de chômage au Canada s'est établi à 8,7%, un sommet de près de 12 ans, et selon des économistes sondés par Bloomberg, Statistique Canada devrait annoncer cette semaine que ce taux était de 8,5% en janvier.

Ce mois-ci, le premier ministre Stephen Harper a souligné que la restauration de la croissance de l'emploi serait l'un de ses principaux défis.

«Tant que le vent n'aura pas tourné et qu'il n'y aura pas plus de bonnes nouvelles à annoncer, le niveau d'anxiété sera probablement plus élevé», soutient Marcia Moffat, de la Banque Royale.

Attention

De son côté, Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, a déjà averti que les consommateurs devraient faire attention et ne pas ajouter au fardeau de leur dette tout en se préparant à des coûts d'emprunt plus élevés. Il a promis de laisser le taux directeur au bas niveau record de 0,25% jusqu'en juin, à moins d'une évolution importante du taux d'inflation.

Le sondage de la Banque Royale montre que 68% des répondants s'attendent à une majoration des taux d'intérêt au cours des six prochains mois, en hausse par rapport à 57% en décembre, tandis que 56% prévoient une amélioration de l'économie au cours de l'année, alors que ce pourcentage était de 60% en décembre.

Toutefois, 17% des répondants s'attendent à une détérioration de l'économie, un pourcentage qui n'a pas évolué par rapport au dernier sondage.

Les consommateurs sont la clé de la reprise économique au Canada cette année et la Banque du Canada estime que leurs dépenses formeront plus de la moitié de la croissance économique prévue, qui est de 2,9%.

Lorsqu'on les interroge sur leur situation financière, 45% des sondés s'attendent à la voir s'améliorer cette année, en hausse par rapport à 43% en décembre.

Le sondage commandité par la Banque Royale est réalisé en ligne par Ipsos Reid. L'indice de confiance a été fixé à 100 lorsque le sondage a été publié pour la première fois il y a deux mois.

L'enquête a été menée auprès de 1014 Canadiens de 18 ans ou plus, du 8 au 14 janvier derniers, et les résultats sont pondérés pour tenir compte de la composition de la population totale. Un sondage de cette taille sans pondération comporte une marge d'erreur de 3,1 points de pourcentage.