Les dépenses de consommation des ménages ont fortement ralenti en décembre ce qui témoigne de l'essoufflement du moteur de l'économie américaine après deux mois de forte hausse et semble confirmer le pronostic couramment admis d'une croissance molle en 2010.

Elles ont progressé de 0,2% par rapport à novembre, soit leur progression la plus faible depuis le mois de septembre, après une hausse de 0,7% le mois précédent, selon les chiffres publiés lundi par le département du Commerce.

Les analystes attendaient une hausse des dépenses de consommation de 0,3%.

Le ralentissement de ces dépenses va dans le sens du pronostic majoritairement admis d'une croissance lente de l'économie américaine en 2010, après la reprise entamée à l'été, qui s'est renforcée à l'automne avec une hausse du PIB de 5,7% (chiffre provisoire), due majoritairement à un effet comptable lié aux variations de stocks.

Les économistes estiment d'une manière générale que les dépenses des ménages devraient être entravées par la persistance d'un chômage élevé.

La banque centrale (Fed) a indiqué fin janvier lors de sa dernière réunion de politique monétaire que les dépenses des ménages restaient «entravées par un mauvais marché de l'emploi, une croissance modeste des revenus, une baisse de la valeur du patrimoine immobilier et la difficulté à obtenir des crédits».

En temps normal, les dépenses des ménages assurent plus des deux tiers de la croissance américaine.

Les chiffres du PIB publiés vendredi ont montré que la consommation, qui avaient tiré la reprise pendant l'été, n'avait assuré qu'un quart de la croissance de l'automne, leur hausse ayant ralenti de 2,8% à 2,0% en rythme annuel d'un trimestre sur l'autre.

Le taux de chômage a franchi pendant l'automne pour la première fois depuis plus d'un quart de siècle la barre symbolique des 10%. La Maison-Blanche a indiqué lundi tabler sur le maintien du chômage à 10% en moyenne sur l'année 2010.

Elle a aussi relevé sa prévision de croissance à 2,7% pour l'année en cours, ce qui signerait un rebond très faible après la chute du PIB de 2,4% enregistrée en 2009.

Si le revenu disponible des ménages a augmenté légèrement plus vite que l'inflation en 2009, permettant un léger gain de pouvoir d'achat, cela a été possible grâce aux allègements d'impôts concédés par le gouvernement dans le cadre du plan de relance budgétaire voté en février.

Les perspectives pour les salaires sont moroses. Les chiffres du ministère du Commerce montrent que le revenu disponible des Américains a augmenté de 0,4% sur un mois en décembre, mais que la hausse des salaires n'a été que de 0,1%.

Dans un pays qui compte deux tiers de propriétaires de leur logement, les ménages continuent de privilégier le désendettement à la consommation, alors que leur patrimoine immobilier a fondu avec la crise et que le marché du logement ne donne pas de signe de redressement durable et autonome.

Le taux d'épargne (rapporté au revenu disponible) est remonté en décembre de 0,3 point pour atteindre 4,8% en décembre, leur plus haut niveau depuis le mois de juin, ce qui reste historiquement élevé pour le pays.

Pour Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE, «il va falloir se battre simplement pour rééditer au premier trimestre la croissance modeste de la consommation du quatrième».

Ina Mufteeva, analyste de la banque Natixis, note que la consommation devrait continuer de progresser en 2010 grâce aux mesures de relance, mais qu'elle devraient rester «faible».