Le gendarme européen de la concurrence a donné jeudi son feu vert à la naissance d'un géant mondial des logiciels en autorisant l'achat par Oracle (ORCL) de Sun Microsystems (JAVA) et de son populaire système de bases de données gratuit MySQL, après des concessions du groupe américain.

Le mariage à 7,4 milliards de dollars des deux groupes américains, déjà approuvé par les autorités équivalentes aux Etats-Unis, n'attendait plus que le feu vert de Bruxelles, qui a jugé que l'opération n'allait pas provoquer de distorsion «significative» de la concurrence.

La Commission européenne, gardienne de la concurrence dans l'Union européenne, a notamment pris en compte l'engagement d'Oracle à continuer à développer dans les prochaines années des versions gratuites de MySQL. Il s'agit d'un système de base de données très populaire notamment auprès des développeurs de sites internet.

MySQL avait été créé dans les années 1990 par des informaticiens suédois, dont la société avait été rachetée pour environ un milliard de dollars en 2008 par Sun Microsystems, déjà propriétaire du langage de programmation Java.

Convoité par IBM, Sun Microsystems avait ensuite accepté en avril 2009 de se faire racheter par Oracle, une transaction de 7,4 milliards de dollars qui aurait dû être bouclée avant l'été si la commissaire européenne à la Concurrence, Neelie Kroes, n'avait émis des «doutes sérieux» à son sujet.

La Commission était même passée l'an dernier à deux doigts d'un veto pour cette opération. Elle y voyait alors de potentiels «problèmes de concurrence sur le marché des bases de données».

La dernière fois que Bruxelles a bloqué une fusion autorisée aux Etats-Unis remonte à 2001, lorsque General Electric avait voulu racheter Honeywell.

Oracle, leader mondial de logiciels à destination des entreprises et vendeur de bases de données sous licence payante, s'est longtemps refusé à toute concession.

Au final, l'enquête de la Commission européenne a abouti à la conclusion suivante: si MySQL et Oracle Database sont concurrents sur certains segments du marché des bases de données, ils ne le sont pas sur d'autres.

Par ailleurs, Bruxelles a relevé qu'Oracle subissait la concurrence d'autres sociétés sur le marché des bases de données, telles qu'IBM et Microsoft.

Elle a aussi estimé qu'un autre système de bases de données sous licence libre, PostgreSQL, pouvait être considéré comme une alternative crédible à MySQL.

Enfin, Bruxelles a pris note d'une série «d'engagements» d'Oracle en décembre selon lesquels la société continuera de publier des versions en licence libre de MsSQL. «Engagements qu'elle a déjà commencés à mettre en oeuvre», a relevé le porte-parole de Mme Kroes, Jonathan Todd.

Le groupe avait promis entre autres d'«améliorer MySQL à l'avenir sous la licence publique générale» qui permet de diffuser les logiciels libres, et d'«accroître les dépenses sur la recherche et le développement de MySQL» par rapport à celles de Sun Microsystems.

Ces engagements seront valables «jusqu'au cinquième anniversaire de la clôture de la transaction», a précisé Oracle.

«Je suis maintenant sûre que la concurrence et l'innovation seront préservées sur tous les marchés concernés», a estimé jeudi Neelie Kroes. Et l'opération pourrait même aboutir selon elle à la création de «produits nouveaux et innovants».