Un consortium d'investisseurs se dit prêt à déposer une offre pour trois journaux du groupe Canwest, soit le National Post, le Ottawa Citizen et le quotidien montréalais The Gazette. Mais si les syndicats se réjouissent de cet intérêt, Canwest réagit tièdement, disant préférer vendre l'ensemble de ses journaux d'un seul bloc.

Jerry Grafstein, Ray Heard et Beryl Wajsman, trois vétérans du monde des médias canadiens, disent avoir réuni un groupe d'investisseurs prêts à acheter les trois quotidiens.

«Ce ne sont pas seulement des hommes riches, mais aussi des hommes engagés. Des gens qui ont de l'intérêt pour les affaires publiques, pour la communauté», a expliqué à La Presse Affaires Beryl Wajsman, éditeur de l'hebdomadaire montréalais anglophone The Surburban.

Rappelons que les journaux du groupe Canwest ont été placés à l'abri des créanciers il y a une dizaine de jours.

«Nous réaction est très forte... et très positive», a lancé Arnold Amber, directeur canadien du Syndicat des communications d'Amérique, qui représente les travailleurs des journaux The Gazette et The Ottawa Citizen.

Le ton était tout autre chez Canwest, qui rappelle que les créanciers de l'entreprise ont déjà fait savoir qu'ils étaient intéressés par l'ensemble du groupe de journaux de Canwest. La filiale inclut 10 quotidiens majeurs, dont le Calgary Herald et le Vancouver Sun, ainsi que plusieurs petits journaux communautaires et des publications en ligne.

Le groupe de créanciers, qui détient pour 953 millions de dettes chez Canwest, a affirmé qu'il achèterait la filiale complète pour une somme non dévoilée si aucune offre supérieure n'émerge après une période de sept semaines. Les analystes s'attendent à ce que les créanciers soient prêts à mettre environ 1 milliard sur la table.

«Il est important de noter qu'il y a déjà une autre offre sur la table», a dit hier dans un échange de courriels John Douglas, vice-président aux affaires publiques chez Canwest, en parlant de l'offre des créanciers.

«La sollicitation d'offres d'achat lancée la semaine dernière établissait clairement que la préférence serait donnée aux offres qui concernent le groupe en entier», a ajouté M. Douglas.

Peter Murdoch, vice-président, médias, au syndicat des communications, de l'énergie et papier, ne croit pas que cela disqualifie le nouveau consortium.

«Au bout du compte, si la vente en pièces détachées rapporte plus que la vente en un seul morceau, c'est ce qui primera», dit-il. Il admet qu'il faudra, dans ce cas, que des acheteurs se manifestent pour acheter les autres journaux du groupe, mais est confiant de voir «plusieurs autres offres».

Notons que Ray Heard est l'ancien rédacteur en chef du Montreal Star, tandis que Jerry Grafsein est un ancien sénateur fondateur de la chaîne de télé torontoise City-tv.

Si les détails financiers de l'offre de MM. Grafstein, Heard et Wajsman n'ont pas été dévoilés, M. Wajsman a affirmé hier que les trois hommes comptent sur l'appui financier de six investisseurs particuliers qui désirent pour l'instant garder l'anonymat.

«Il n'y a aucune institution dans ce consortium», a dit M.Wasjman, qui explique que l'investisseur type de son groupe est un «homme de 70 ans qui a beaucoup d'argent et qui cherche maintenant à laisser un patrimoine derrière lui».

Selon M. Wasjman, les journaux représentent encore de bons investissements. «Le problème des entreprises de presse, c'est qu'elles ont investi dans toutes sortes d'activités. Mais leur secteur principal, les journaux, est toujours rentable», affirme-t-il.