La suggestion avait fusé hier pendant l'émission C'est bien meilleur le matin, à la radio de Radio-Canada: les entreprises de téléphonie pourraient-elles réduire les frais de communication avec Haïti, question d'alléger la facture des familles inquiètes du sort de leurs proches?

Telus a eu vent de cette proposition et réfléchit à la possibilité de la mettre en application, a répondu son porte-parole Shawn Hall.

Une autre proposition leur est parvenue, qui suggérait de mettre un des centres d'appels à la disposition des personnes qui n'auraient pas les moyens de ces coûteuses communications avec Haïti. «Nous considérons cette question au plus haut niveau de notre entreprise», a-t-il ajouté.

Pour sa part, Rogers n'entrevoit rien de cette nature. «On a regardé la situation et nous avons décidé de mettre tous nos efforts sur l'envoi d'argent sur place, a indiqué Sébastien Bouchard. Pour l'instant, on n'a rien d'autre à annoncer.»

Même réponse chez Bell. «Il faut commencer par la base, soutient la porte-parole Claire Fiset. Ils ont besoin d'argent.»

Pendant ce temps, Vidéotron, qui se bat pied à pied pour gagner du terrain en téléphonie résidentielle, a réagi rapidement... et décisivement.

Elle a annoncé hier que ses clients de téléphonie résidentielle par câble pourraient faire des interurbains sans frais en direction d'Haïti. Les frais accumulés depuis la date du séisme, le 12 janvier, seront retirés. «On a commencé à en parler hier soir (mercredi)», a relaté Isabelle Dessureault, vice-présidente affaires publiques chez Quebecor.

Il a fallu vérifier si les systèmes informatiques autorisaient cette opération, et «s'assurer qu'on ne mettrait pas encore plus dans le pétrin les réseaux là-bas, a-t-elle précisé. Les ingénieurs ont validé le tout.»

La mesure est en place jusqu'au 12 février.

Dons par cellulaires

Outre leurs propres dons, les trois grands des télécoms insistent plutôt sur les dons par messages textes. Avec un message envoyé à un numéro défini avec un mot de code, une somme de 5$ est directement et entièrement versée à un organisme de charité reconnu... et bien sûr facturée au compte de l'abonné.

Bell et Telus le font par l'intermédiaire de l'organisme Mobile Giving Foundation, mis sur pied en collaboration avec l'Association canadienne des télécommunications sans fil (ACTS). Les dons sont versés au fonds d'aide de l'Armée du salut. «L'avantage est que l'argent se rend vite à destination», insiste Shawn Hall.

Rogers fait bande à part. Elle a mis de son côté un programme semblable, par une voie différente. Les dons de 5$ sont versés à Partners in Health: Haïti, par l'intermédiaire de la fondation ONEXONE - elle-même fondée par Edward Rogers, le fils de Ted Rogers.

Peu de matériel d'ici

Pour l'aide directe et immédiate, très peu de matériel ou d'équipements sont fournis à la Croix-Rouge par des entreprises québécoises. Ainsi, l'hôpital mobile de l'organisme provient du Danemark.

«Pour le moment, il y a très peu de matériel qui partira du Canada, a expliqué le porte-parole de la Croix-Rouge division Québec, Jean-François Millette. Ce sera surtout du personnel, notamment parce qu'on a un entrepôt près du Panama qui avait déjà pas mal tout ce qu'il fallait. À ce stade-ci., il n'y a aucun fournisseur québécois ou même canadien qui participe massivement à l'effort d'aide.»

Dans la mesure du possible, l'organisme privilégie les fournisseurs de la région en détresse. «Le but est d'aider les économies locales ou les économies autour, et on essaie donc d'acheter le plus localement», énonce M. Millette.

Pour l'eau potable, par exemple, la Croix-Rouge privilégie des appareils qui purifient l'eau sur place. Le président d'Amaro, Daniel Colpron, en a pris conscience lors du glissement de terrain des Gonaïves, en 2004. L'entreprise avait été invitée à fournir de l'eau embouteillée aux sinistrés. «On avait envoyé une pleine remorque, raconte Daniel Colpron, également président de l'Association des embouteilleurs d'eau du Québec (AEEQ). On a su par la suite qu'elle ne s'était jamais rendue.»

L'eau a plutôt été consommée ici par les bénévoles, ce que M. Colpron ne déplore en aucune façon. «En temps normal, l'envoi d'eau par conteneur aux Caraïbes peut prendre un mois, fait-il valoir. S'il y a des problèmes de logistiques, c'est pire.»

L'AEEQ vient tout de même de proposer sa collaboration. «Je suis en communication avec l'ensemble des embouteilleurs d'eau et j'attends le mot d'ordre du fédéral pour savoir s'il y a un besoin auquel on pourrait contribuer», a affirmé la porte-parole Sylvie Cloutier.

Hydro-Québec se dit prête elle aussi à apporter son concours... dès qu'elle recevra un signal de Québec. Ni le moment ni la forme de cette aide potentielle ne sont précisés pour l'instant. Rappelons qu'après le passage de l'ouragan Jeanne aux Gonaïves, en 2004, 14 personnes - monteurs de lignes et personnel de soutien - avaient fait un séjour de près de quatre mois en Haïti.