En novembre, les échanges commerciaux de biens du Canada avec le reste du monde se sont soldés par un déficit de 344 millions de dollars, le sixième en huit mois. La valeur des importations a progressé davantage que celle des exportations, reflétant la vitalité de la demande intérieure.

Sans être mauvaises, les données publiées hier par Statistique Canada ont déçu quelque peu les analystes, dont la plupart avaient parié sur un deuxième léger surplus d'affilée.

En octobre, le Canada avait enregistré un excédent de 503 millions, en septembre, un découvert de 781 millions.

Le manque à gagner accumulé après 11 mois l'an dernier se situe à quelque 4 milliards. Le Canada se dirigeait sûrement vers son premier déficit commercial annuel depuis 1975.

«À la différence de la nette détérioration du commerce canadien à la fin de 2008, ce dernier déficit est attribuable au rebond des importations plutôt qu'à l'effondrement des exportations», fait cependant remarquer Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. En novembre, la valeur des exportations accusait un recul de 16% sur celle enregistrée un an plus tôt. L'hiver dernier, au plus fort de la récession, la dégringolade atteignait 30%.

En novembre, la valeur des exportations s'élevait 31,6 milliards, en hausse de 1,1% par rapport à octobre. Exprimées en volumes, les exportations ont fait du surplace, mais les importations ont progressé de 1,8%.

La croissance de nos livraisons à l'étranger a été assurée par les produits énergétiques (le pétrole surtout), de l'agriculture et de la forêt.

Les biens industriels, les machines et l'équipement et les produits automobiles, qui n'étaient plus stimulés par le programme américain de prime à la casse, ont contrebalancé en bonne partie ces augmentations. La baisse des exportations de l'industrie automobile atteint le demi-milliard et explique en bonne partie le passage d'un excédent à un déficit, d'octobre à novembre. «Décembre pourrait se révéler meilleur, croit Krishen Rangasamy, économiste chez CIBC Marchés mondiaux. La production canadienne d'autos a été forte. Les exportateurs ont fait meilleure figure et cela devrait aider le Canada à afficher une croissance réelle pour l'ensemble du trimestre.»

Du côté des importations, la hausse a été généralisée, si on fait exception des biens industriels. Dans cette catégorie, on retrouve les métaux précieux, dont la valeur des exportations et des importations avait atteint des sommets en octobre.

«En termes réels, l'augmentation des importations de machines et d'équipement laisse penser que les investissements des entreprises reprennent de la vigueur», estime Marc Pinsonneault, économiste à la Financière Banque Nationale. Cela paraît aussi corroborer les résultats de l'Enquête trimestrielle sur les perspectives des entreprises de la Banque du Canada qui reflétait la volonté des répondants de renouer avec l'investissement.

L'excédent commercial avec les États-Unis a diminué de près de 300 millions, d'octobre à novembre, à hauteur de 3,23 milliards. Un an plus tôt, il s'élevait à 4,78 milliards. Le déficit est resté à peu près stable avec le Japon et l'Union européenne, mais il s'est détérioré d'environ un demi-milliard avec les autres pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

Malgré la stagnation des exportations exprimées en volumes, le commerce extérieur va sans doute contribuer cette fois-ci à la croissance réelle au quatrième trimestre, en raison du bon départ d'octobre. Au troisième trimestre, nos échanges commerciaux avaient retranché plus de cinq points de pourcentage au produit intérieur brut réel dont l'augmentation annualisée avait été limitée à 0,4%.

Pour l'année qui commence, le commerce extérieur restera un point faible de l'économie canadienne. La banque centrale prévoit qu'il retranchera un point à la croissance réelle estimée à 3,0%. Deux vents de proue freineront nos échanges commerciaux, souligne Diana Petramala, économiste chez Banque TD Groupe financier: «D'abord, le processus de restockage semble ralentir, note-t-elle. Ensuite, le dollar canadien se rapproche doucement de la parité, ce qui pose un défi aux exportateurs.»

On ajoutera que la vitalité de la demande intérieure canadienne stimulée par un pouvoir d'achat accru des Canadiens stimulera les importations.