Signe que la reprise s'enracine, les entreprises sont de nouveau disposées à embaucher et à investir en machinerie et équipement, car les conditions de crédit sont revenues quasi aussi souples qu'avant la crise du crédit.

L'Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE) de la Banque du Canada, menée auprès d'une centaine d'entreprises entre le 11 novembre et le 16 décembre, révèle aussi que sept d'entre elles sur 10 s'attendent à voir augmenter leurs ventes au cours des 12 prochains mois.

«Les résultats de l'Enquête de l'hiver témoignent dans une certaine mesure d'une confiance grandissante dans le redressement de l'économie», analyse la Banque dans la présentation des résultats.

En fait, les attentes d'une amélioration du chiffre d'affaires sont les deuxièmes plus élevées depuis le début de la publication de ce sondage. Le sommet avait été réalisé à l'automne, au moment où l'économie émergeait à peine de sa première récession en 18 ans.

Pour le deuxième trimestre d'affilée, un plus grand nombre de répondants se dit disposé à augmenter ses investissements en machines et matériel. Le solde de 17 entre ceux qui s'attendent à augmenter et ceux qui s'attendent à diminuer se compare au solde observé avant la récession qui aura duré trois trimestres.

L'EPE fait aussi ressortir que les conditions de crédit se sont nettement améliorées, surtout pour les entreprises de plus grande taille qui empruntent sur le marché des capitaux.

Cette donnée paraît corroborée par l'autre enquête de la Banque menée auprès des responsables du crédit. Elle montre que les conditions générales de crédit se sont stabilisées après plusieurs trimestres de durcissement depuis 2007.

«Avec les conditions de crédit qui s'améliorent, ça veut dire qu'on se dirige de nouveau vers une expansion de l'économie», estime Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale.

L'enquête fait ressortir cependant que les entreprises de plus petite taille continuent d'éprouver des difficultés à convaincre les prêteurs de leur avancer des capitaux. Selon la Banque, «cette situation indique que les répondants restent préoccupés par les perspectives économiques concernant ces entreprises».

On ne sera pas étonné que les entreprises soient nombreuses aussi à envisager d'accroître leurs effectifs. À 40, le solde est aussi comparable à ses niveaux d'avant récession. «Cette perspective semble indiquer que le petit repli du marché du travail en décembre fera vite long feu», prédit Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. Vendredi, Statistique Canada avait révélé que l'économie avait détruit 2600 emplois en décembre.

Peu d'entreprises croient qu'elles auront des difficultés à recruter des personnes compétentes. Cela tranche avec les résultats de l'EPE menée avant la récession. «Il s'agit d'une surprise, estime Éric Lascelles, économiste chez Valeurs mobilières TD. Le Canada est parvenu à créer des emplois depuis six mois et le taux de chômage a diminué au cours de cette période.»

Cela explique peut-être que les entreprises n'éprouvent pas encore trop de difficultés à faire face à une demande inattendue.

En revanche, elles commencent à s'inquiéter du prix de leurs intrants qu'elles voient monter au cours des 12 prochains mois, tout comme les prix de leurs extrants d'ailleurs. Elles sont cependant plus nombreuses à croire aux premières hausses qu'aux secondes. «Si elles voient juste, leurs marges de profit seront sous pression au cours de 2010», signale Derek Holt, économiste chez Scotia Marchés des capitaux.