«Nous sommes enfin prophètes en notre pays !» se sont exclamés les dirigeants d'Aurora Interactive la semaine dernière. La PME de 20 employés fondée en 2002 avait déjà vendu sa technologie en Europe. Mais jamais au Québec, et jamais aussi massivement.

Aurora vient de s'infiltrer dans 7 hôpitaux et 14 centres de santé d'un coup en raflant un contrat avec le réseau universitaire intégré de santé de l'Université Laval.

«C'est l'une des plus grandes intégrations en son genre au monde et on est fiers et emballés d'y prendre part», a lancé Pierre Le Fèvre, président-directeur général d'Aurora.

La spécialité d'Aurora est la «pathologie numérique». Pour établir leurs diagnostics, les médecins utilisent de plus en plus d'images numériques de tumeurs, organes ou tissus prélevés sur des patients.

Aurora a créé des logiciels qui permettent d'examiner ces images sous toutes leurs coutures. Grâce à eux, un pathologiste de Sept-Îles peut recueillir l'avis d'un collègue de Montréal qui voit la même image en temps réel sur l'internet. L'entreprise a aussi greffé des modules pédagogiques destinés aux profs de médecine et d'autres pour les diagnostics à distance.

«L'époque où on mettait des lamelles de microscope dans des boîtes et on envoyait ça par Purolator achève», proclame M. Le Fèvre.

Aurora espère que le contrat avec l'Université Laval ne représente que le début de son aventure au Québec. Le rêve: que McGill, Sherbrooke et l'Université de Montréal sautent aussi dans le bateau.

«Il y aurait des avantages énormes à ce que tout le monde adopte la même technologie et puisse se parler», dit M. Le Fèvre.

L'entreprise croit que le marché mondial de la pathologie numérique atteindra de 3 à 5 milliards US d'ici quelques années.

Aurora Interactive, qui n'est pas cotée en Bourse, est présentement en ronde de financement et espère recueillir 10 millions auprès d'investisseurs privés. L'entreprise dit aussi être en «pourparlers» avec le gouvernement du Québec pour obtenir un investissement sur mesure pour créer un «centre d'excellence» québécois en pathologie numérique.

Logibec

Aurora n'est d'ailleurs pas la seule entreprise à plancher sur des logiciels pour les hôpitaux. Établie à Montréal, Logibec compte plus de 200 employés répartis dans huit bureaux au Canada et aux États-Unis.

Si les produits sont différents - Logibec fait des logiciels qui servent autant à gérer les systèmes de paie des hôpitaux que l'affluence de leurs salles d'urgence - ils sont portés par la même vague.

Dans un rapport récent, l'analyste Maher Yaghi écrit que la croissance de Logibec sera assurée par le besoin pour les institutions de santé de réduire leurs erreurs et leurs coûts ainsi que par le vieillissement de la population.

Logibec a réalisé plusieurs acquisitions récemment. L'analyste Richard Tse, de la Financière Banque Nationale, s'attend à voir l'entreprise dépenser de 35 à 40 millions supplémentaires pour des acquisitions aux États-Unis.

Logibec avait surpassé les attentes des analystes au dernier trimestre en annonçant des ventes en hausse de 13% à 76,3 millions et des profits en hausse de 22% à 27,7 millions. Depuis le 20 novembre dernier, le titre a pris plus de 20% à la Bourse de Toronto. Les six analystes répertoriés par l'agence Bloomberg qui suivent le titre en recommandent l'achat, pour un prix cible moyen de 24,12$; l'action a clôturé à 20,74$ vendredi.