Le Québec a terminé l'année sur une belle note au chapitre de l'emploi, venue confirmer que la récente récession a mordu beaucoup moins que les deux précédentes.

Il s'y est créé 8000 emplois, à temps partiel il est vrai, en décembre alors que le Canada dans son ensemble en a vu disparaître 2600, selon les données de l'Enquête sur la population active de Statistique Canada.

Ce dernier chiffre a quelque peu déçu les économistes financiers qui misaient en moyenne sur la création de 20 000 emplois, en dépit du bond exceptionnel et insoutenable de 79 100 en novembre.

La confiance accrue des Québécois en a poussé 19 200 de plus à se remettre à la recherche active d'un gagne-pain. Voilà qui explique que le taux de chômage y soit passé de 8,1 à 8,4%.

Il reste néanmoins sous la moyenne canadienne de 8,5% qui n'a pas bougé, compte tenu de la désaffection de 8900 personnes sur le marché du travail.

En fait, le Québec a créé un peu plus de 10 000 emplois par mois au quatrième trimestre, contre 11 100 pour l'ensemble du Canada. En comparaison, l'Ontario en a perdu en moyenne 500.

À y regarder de plus près, on constate même que les 26 800 emplois perdus au cours de l'année dans la société distincte étaient tous à temps partiel. La Belle Province est parvenue à générer 3200 emplois à temps plein.

De l'ensemble des pertes, nuance toutefois Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, «près de la moitié étaient dans la région de Montréal» dont le taux de chômage atteint 9,0%.

Sans avoir rien de reluisant, la performance québécoise tranche avec la réalité canadienne. D'un océan à l'autre, il s'est détruit 239 700 emplois de décembre à décembre, tous à temps plein. L'Ontario est la première victime avec 141 600 pertes d'emplois, la très grande majorité à temps plein (voir tableau).

«Le Québec a écopé moins lourdement que l'Ontario avec un déclin de l'emploi respectif de 0,7% et 2,1%», note Joëlle Noreau économiste principale chez Desjardins.

Elle s'attend cependant à ce que la reprise de l'emploi ne s'accélère pas chez nous, contrairement aux attentes dans plusieurs autres provinces canadiennes. «Certains secteurs traditionnels ou associés aux nouvelles technologies éprouvent déjà des difficultés de recrutement de travailleurs qualifiés.»

En fait, il est un secteur où l'Ontario a fait beaucoup mieux que le Québec. Chez nos voisins, où la présence d'Ottawa est très forte, les rangs des fonctionnaires ont été réduits de 6600 personnes l'an dernier. Au Québec, ils ont été décimés de 30 900 personnes. Il faut peut-être y voir l'effet de la politique du gouvernement Charest de ne remplacer qu'un employé sur deux qui partent à la retraite.

En décembre, les rangs des travailleurs de la construction se sont gonflés de plus de 3500 personnes tout comme ceux de la foresterie et de l'extraction minière. En revanche, ceux des travailleurs en usines ont encore été dégarnis de 8600 personnes.

Voilà qui explique que la création nette d'emplois a été entièrement assurée par le secteur des services, malgré les coupes dans l'administration publique. Le commerce, les services professionnels, scientifiques et techniques de même que le secteur de la santé et de l'assistance sociale ont beaucoup embauché.

À l'échelle canadienne, le secteur des services a lui aussi continué de gonfler ses effectifs, comme il l'aura fait tout au long de l'année. Au 31 décembre, il faisait travailler quelque 35 000 personnes de plus qu'un an plus tôt.

Quel contraste avec le travail en usines qui a détruit des emplois pour une sixième année d'affilée, à hauteur de 190 800 l'an dernier!

«L'emploi dans le secteur des services vient d'atteindre son niveau le plus élevé de tous les temps», constate Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale.

Le bilan de 2009 camoufle un jeu de balancier: il s'est détruit énormément d'emplois durant l'hiver, moins au printemps. Depuis août où le taux de chômage a culminé à 8,7% d'un océan à l'autre, l'économie canadienne a créé 91 000 emplois!

Quel contraste avec les récessions de 1981 et de 1990. Dans le premier cas, le taux de chômage avait culminé à 13% en 1982, dans le second à 12,1% en 1992. Pour le Québec, les chiffres sont de 15% et 14%.