Du Lala est une trentenaire qui n'a pas froid aux yeux et finit par percer dans le monde machiste de l'entreprise : les jeunes Chinoises se sont identifiées à ce personnage de roman, faisant de ce «manuel de guérilla» pour femmes ambitieuses un immense succès de librairie.

L'auteur de Histoire de la promotion de Du Lala - qui a été suivi de Du Lala 2: les jours resplendissants - se cache derrière un pseudonyme, Li Ke.

«Il vaut mieux la tranquillité que la célébrité. Beaucoup de gens qui ont réalisé des choses extraordinaires recherchent en réalité la tranquillité et non la célébrité», explique-t-elle à l'AFP, dans un courriel, un moyen de communication qui lui permet de rester dans l'ombre.

De Li Ke, on sait juste que c'est une jeune femme, comme Du Lala, et qu'elle s'est inspirée de son expérience professionnelle dans une grande entreprise.

«Un roman est plus facile à lire qu'un manuel», affirme-t-elle, décrivant son héroïne comme une «personne normale», «d'une beauté supérieure à la moyenne mais sans plus».

A peine sortie de l'université, Du Lala vit une première expérience professionnelle malheureuse dans une entreprise chinoise, victime de harcèlement sexuel de la part du patron. Elle rejoint ensuite DB, multinationale imaginaire figurant dans les 500 premières entreprises mondiales.

Le livre, à la trame assez simple, décrit son ascension réussie --d'assistante des ventes à directrice des ressources humaines-- au cours de laquelle elle brave les jalousies et autres chausse-trappes professionnelles.

L'ouvrage s'est converti en une sorte de «manuel de guérilla» à l'usage des jeunes femmes actives chinoises dans un pays encore largement dominé par les hommes.

«Cela m'a guidé et donné des idées. J'ai beaucoup appris dans ce livre, à la fois sur la manière de communiquer, et de survivre dans un bureau, sur la manière de demander une hausse de salaire et aussi sur le tabou des histoires d'amour au bureau», explique une lectrice, Yan Nan, 28 ans, employée dans une compagnie étrangère à Pékin.

«J'ai l'impression de ne pas être seule, il y a des milliers de Du Lala qui essaient juste de s'en sortir par elles-mêmes et de vivre mieux, comme moi», dit-elle, ajoutant : «C'est un livre très pratique pour les jeunes femmes actives».

Le succès s'explique aussi par la facilité avec laquelle les lectrices peuvent s'identifier à une jeune femme qui se bat pour son indépendance.

«Contrairement aux jeunes filles chinoises qui dans la société moderne cherchent un homme riche pour se marier, Du Lala travaille dur en comptant sur ses propres capacités, c'est pour cela que je l'aime, elle a beaucoup de personnalité», affirme une autre lectrice, Rui Menggui, 28 ans, également employée de bureau à Pékin.

«J'aime son histoire, car elle représente un groupe de cols blancs qui lutte dans la jungle du travail. Dans une certaine mesure, je suis une +Du Lala+, même si je ne travaille pas dans une multinationale», constate pour sa part Yan Nan.

«Je l'admire car elle est intelligente et travailleuse, ce qu'elle obtient, elle le mérite, elle ne bénéficie pas de +guanxi+ (Ndlr: passe-droit), comme c'est souvent le cas en Chine», souligne-t-elle.

Pour Rui Menggui, Du Lala «est l'image d'une jeune fille moderne très réelle, forte et débrouillarde».

Succès oblige, le premier livre a été adapté au théâtre et un film et une série télévisée basés sur le personnage de Du Lala sont en préparation pour 2010.

Et Li Ke a figuré en 2009 à la neuvième place des écrivains chinois les mieux payés avec des droits d'auteurs s'élevant à 3,5 millions de yuans (360.000 euros) après avoir vendu plus d'un million d'exemplaires avec les deux livres. Sans compter les éditions piratées.