La famille Apple (AAPL) s'agrandira bientôt. Le 26 janvier prochain, le iPod, le iPhone et le iPod Touch auront vraisemblablement un nouveau petit frère: le iSlate, un lecteur électronique qui rivalisera avec le Kindle d'Amazon et le Reader de Sony.

Selon le Financial Times, Apple a réservé le Yerba Buena Center for the Arts de San Francisco le 26 janvier pour une «annonce majeure». Apple n'a pas confirmé ces informations, mais plusieurs analystes estiment que l'entreprise lancera officiellement son nouveau lecteur électronique, qui permettra de lire des livres, des journaux et des magazines et de visionner des émissions de télévision et des films.

Son nom? iSlate, semble-t-il. Le nom de domaine www.islate.com a été acquis par Mark Monitor, une entreprise ayant déjà effectué des mandats pour Apple. Selon le Washington Post, Mark Monitor a aussi acquis le nom de domaine iSlate en Grande-Bretagne, en Chine, en France et au Japon.

Cette semaine, le titre d'Apple a atteint son sommet – 213,95$ US – depuis son inscription à la Bourse en 1980, notamment en raison de la confirmation du lancement du iSlate dans certains médias. Le titre d'Apple s'est fortement apprécié en décembre, alors que les rumeurs sur le lancement du iSlate se sont intensifiées.

Iain Grant, directeur général du SeaBoard Group, une firme montréalaise de consultation dans le secteur technologique, doute que le lecteur électronique d'Apple – surnommé iTablet par les analystes – connaisse autant de succès que le iPod et le iPhone. «Le iTablet coûtera très cher – entre 800$ et 1000$ CAN. Je ne crois pas qu'il aura le même effet que le iPod et le iPhone lors de leur lancement», a dit Iain Grant au cours d'un échange de courriels avec La Presse Affaires. Le directeur général du SeaBoard Group croit que lecteur électronique d'Apple sera disponible en magasin au début du mois d'avril.

Selon le magazine américain Wired, le lecteur électronique d'Apple mesurerait entre 7 et 10 pouces de hauteur. Sa superficie serait environ cinq fois plus grande que celles du iPhone et du iPod Touch. Apple lancerait deux versions de son lecteur électronique: l'une avec une connexion téléphonique et internet, l'autre sans.

Le nouveau lecteur électronique d'Apple permettrait de lire des livres, des journaux et des magazines en format numérique, mais il aurait aussi des fonctionnalités vidéo permettant de visionner des émissions de télévision et des films. Selon le Financial Times, Apple négocierait actuellement avec des réseaux de télé comme CBS afin de lancer un service de câble par internet. Moyennement un abonnement mensuel, un client aurait accès à un ensemble d'émissions d'une même chaîne de télévision. Selon cette formule, il n'aurait pas besoin de payer pour chaque émission visionnée.

Une révolution littéraire?

Selon des éditeurs québécois, Apple pourrait avoir le même impact dans le milieu de l'édition que la petite révolution opérée par la société californienne dans le milieu musical avec son portail iTunes. «J'espère qu'Apple nous réserve une belle surprise, dit Jean Pettigrew, directeur littéraire des Éditions Alire. Comme éditeur francophone, je trouve que notre clientèle n'a pas beaucoup de choix en matière de livres électroniques.»

«Il n'y a pas de modèle d'affaires actuellement pour le livre électronique, dit Antoine Tanguay, président des Éditions Alto, qui publient des romans et des nouvelles. Il va falloir s'entendre sur un modèle d'affaires et un format de diffusion commun. Tout le monde parle beaucoup du livre électronique, mais il représente encore très peu de ventes et très peu d'éditeurs sont prêts.»

Aux États-Unis, le site Amazon a vendu plus de livres électroniques que de livres en format papier le 25 décembre dernier, jour de Noël. Il s'agissait de la première fois où les ventes de livres en format numérique dépassaient celles en format papier.

Au Québec, le marché du livre électronique se développe lentement, mais sûrement. Cet automne, Archambault a lancé son site www.jelis.ca, qui contient plus de 20 000 livres numériques à télécharger. Les Éditions Alire offrent 50 des 150 livres de leur collection en format numérique chez Archambault, mais pas les best-sellers de l'auteur de suspense Patrick Senécal (Sur le Seuil, Les Sept Jours du Talion, 5150, rue des Ormes). «La qualité du produit numérique n'est pas suffisante pour l'instant», explique le directeur littéraire Jean Pettigrew.

Chaud partisan du livre électronique, Antoine Tanguay s'attend néanmoins à une diminution de son chiffre d'affaires d'ici deux ans en raison de l'éclosion du livre électronique. La question du piratage pourrait notamment coûter cher aux éditeurs. Le président des Éditions Alto écarte toutefois tout scénario apocalyptique. «Il y aura toujours de la place pour le livre en format papier», dit Antoine Tanguay.