Le ministre des Finances, Jim Flaherty, déposera son prochain budget en mars, après les Jeux olympiques. Ce cinquième budget du gouvernement Harper ne contiendra pas de nouvelles dépenses pour relancer l'économie.

Mais le premier ministre Stephen Harper n'écarte pas l'idée de reconduire pour une autre année le crédit d'impôt à la rénovation résidentielle, qui doit prendre fin au mois de février. À l'heure actuelle, ce crédit d'impôt s'applique à des travaux réalisés ou à des biens acquis après le 27 janvier 2009 et avant le 1er février 2010.

Optimiste quant à la vigueur de l'économie canadienne, M. Harper a entrebâillé cette porte dans une entrevue accordée au réseau CTV qui sera diffusée le 26 décembre.

Cette mesure, fort populaire auprès des Canadiens, faisait partie du plan de relance de plus de 40 milliards de dollars contenu dans le dernier budget, déposé en janvier. Ce plan de relance, qui vise à financer de nombreux projets d'infrastructures, doit prendre fin comme prévu le 31 mars 2011.

«L'année 2009 a été difficile. Les économistes affirment que nous sommes sortis de la récession, mais je suis plus prudent. Je ne vois pas encore de croissance soutenue dans le secteur privé. Le marché de l'emploi n'a pas repris de vigueur. Mais nous voyons certains signes positifs. Nous avons un peu de croissance. Les Canadiens ont vraiment serré les coudes en 2009 et j'ai bon espoir que l'année 2010 sera celle de la relance», a affirmé M. Harper dans l'entrevue à CTV.

S'il voit les 12 prochains mois avec plus d'optimisme, Stephen Harper prépare le terrain à des années de frugalité. Car une fois que la récession sera chose du passé, son gouvernement imposera une discipline budgétaire destinée à éliminer le déficit.

Ce déficit frisera les 56 milliards de dollars au cours du présent exercice financier, qui prend fin le 31 mars 2010. Il devrait être de 45,3 milliards en 2010-2011, de 27,4 milliards en 2011-2012, de 19,4 milliards en 2012-2013, de 11,2 milliards en 2013-2014 et de 5,4 milliards en 2014-2015, selon les estimations du ministre des Finances.

Le retour à l'équilibre budgétaire est donc prévu dans cinq ans. La crise économique mondiale aura forcé Ottawa à s'endetter de 170 milliards de dollars en sept ans, ce qui devrait faire bondir la dette accumulée à 628,1 milliards de dollars.

Mais Stephen Harper soutient toujours que son gouvernement pourra éliminer le déficit sans augmenter les taxes ou les impôts. La hausse des revenus découlant de la reprise économique combinée à des mesures pour contenir l'augmentation des dépenses devraient permettre, selon le premier ministre, de renouer avec l'équilibre budgétaire.

Au cours des derniers mois, M. Harper a aussi écarté des compressions dans les paiements de transferts aux provinces, comme l'avaient d'ailleurs fait les libéraux de Jean Chrétien pour éliminer le déficit dans les années 90.

«La politique du gouvernement est très claire. Nous n'allons pas augmenter les taxes, mais nous allons limiter la hausse des dépenses. L'assiette fiscale au pays va se rétablir graduellement. Et d'ici quatre ou cinq ans, si nous maintenons le cap, nous allons rétablir l'équilibre budgétaire. Il faut s'imposer une discipline budgétaire et non pas imposer des compressions radicales dans les programmes ou augmenter de façon radicale les impôts et les taxes», a soutenu M. Harper.

La majorité des économistes doutent que le gouvernement fédéral puisse éliminer le déficit sans augmenter les taxes ou les impôts. Plusieurs l'exhortent d'ailleurs à ramener la TPS, que les conservateurs avaient réduite à 5%, à son taux de 7%. Cette hausse permettrait à Ottawa d'engranger annuellement 12 milliards de dollars en revenus.

Récemment, deux anciens sous-ministres des Finances ont aussi affirmé qu'il sera impossible pour Ottawa d'enregistrer des surplus sans une hausse des taxes. Ils suggéraient également une hausse de la TPS.

Mais M. Harper affirme depuis des mois qu'il n'a pas l'intention d'emprunter cette voie, convaincu que la croissance de l'économie sera suffisante.