En pleine récession, des transactions impliquant de grandes entreprises non québécoises n'ont pas manqué de susciter des frissons économiques au Québec.

Dans le secteur pétrolier, la fusion de 22 milliards entre Suncor et Petro-Canada, bouclée en août, s'est avérée le coup de grâce pour le plus gros projet d'investissement dans l'est de Montréal depuis plus d'une décennie. Petro-Canada prévoyait investir 1,5 milliard dans sa raffinerie montréalaise afin d'augmenter sa capacité de traitement de pétrole lourd.

Mais à peine un mois après sa fusion avec Suncor, qui doit permettre d'économiser annuellement 300 millions en frais d'exploitation, Petro-Canada a confirmé l'abandon de son projet montréalais.

Dans l'industrie pharmaceutique, deux importantes transactions entre des géants américains ont suscité des inquiétudes à Montréal, dans ce secteur qui regroupe quelques milliers de salariés.

En janvier 2009, le numéro 1 mondial des médicaments, Pfizer, a déclenché l'achat de son concurrent Wyeth pour 68 milliards $US. Deux mois plus tard, leurs dirigeants ont décrété une réduction de 15% de l'effectif mondial combiné -l'équivalent de 19 000 postes- et la fermeture de plusieurs usines. Dans la région de Montréal, Pfizer et Wyeth regroupent 1800 employés dans des laboratoires et des usines. La continuité de toutes ces activités demeure incertaine.

En contrepartie, l'autre fusion de géants pharmaceutiques, annoncée en mars par Merck Frosst et Schering-Plough pour 41 milliards, semble moins inquiétante pour leurs activités montréalaises, qui emploient 1100 personnes.

D'autant plus qu'en octobre, alors que la fusion attend l'accord des autorités américaines, Schering-Plough a confirmé un investissement de 30 millions dans son usine de Pointe-Claire.

Restructurations

Par ailleurs, la restructuration de grandes entreprises non québécoises a aussi suscité des inquiétudes ici en 2009.

En particulier, il faut souligner le démantèlement de Nortel, sous protection judiciaire depuis le mois de janvier, ainsi que la restructuration financière de General Motors.

Pour Nortel, l'ex-fleuron canadien des télécoms, il s'agit en fait de la fin d'une agonie qui dure depuis des années et qui a déjà coûté au moins 3000 emplois dans la seule région de Montréal.

N'empêche, l'inquiétude s'est ravivée lors de la revente récente de deux divisions de Nortel: la téléphonie sans fil et les télécoms par fibre optique. À la fin du mois de juillet, la vente pour 1,3 milliard $US des activités du sans-fil, qui emploient 400 personnes à Ottawa, à la société Ericsson, dotée de 600 employés en R&D à Montréal, a fait craindre une phase de consolidation d'effectifs.

Depuis, les dirigeants d'Ericsson au Canada ont promis le maintien coordonné de deux centres d'activités à Montréal et Ottawa.

En novembre, la crainte de consolidation a refait surface lors du rachat par l'américaine Ciena des activités de Nortel dans la fibre optique. Cette transaction annoncée à 769 millions $US implique 1400 salariés au Canada, dont 260 parmi l'effectif résiduel de Nortel au Technoparc Saint-Laurent, à Montréal.

Pour le moment, Ciena promet de retenir 85% des salariés des activités acquises de Nortel, en plus de maintenir des centres d'activités à Montréal et Ottawa.

Dans l'industrie automobile, bien qu'il n'y ait pas d'usine au Québec, la protection judiciaire des fabricants américains GM et Chrysler ont fait craindre le pire parmi leurs 230 concessionnaires québécois. Mais en fin d'année, alors que les ventes d'automobiles reprennent du mieux, ce risque s'est atténué.

Chez Chrysler, les 90 concessions au Québec devraient éviter l'atrophie de 25% en cours parmi leurs homologues américains. Chez GM, l'imposante réduction du réseau de concessionnaires en Amérique du Nord touchera près de la moitié des 148 détaillants au Québec. Mais selon l'Association des concessionnaires GM, la plupart des employés d'expérience touchés par ces fermetures se replacent ailleurs.