Le père Noël passe de plus en plus de temps sur l'internet, mais il pourrait bientôt atteindre son point de saturation.

Encore cette année, plusieurs consommateurs québécois achèteront des cadeaux de Noël sur l'internet. Quelque part entre 10% et 25% d'entre eux, selon différentes estimations. Mais la croissance des clients virtuels ralentit tranquillement.

À la Société des alcools du Québec (SAQ), la hausse du chiffre d'affaires virtuel est devenue minime: 0,01% au cours de l'année 2008-2009, pour s'établir à 0,21% de l'ensemble des affaires brassées par la société d'État cette année-là. Durant cette période, la SAQ a généré des ventes de 5,1 millions de dollars sur son site internet, soit 500 000$ de plus que l'année précédente.

«La relation client-boutique est très importante, dit Linda Bouchard, porte-parole de la SAQ. L'achat de vin demeure un geste qu'on aime faire en personne. Il y a le plaisir d'être en succursale, de se faire conseiller. Notre site web est transactionnel, mais c'est avant tout un site informatif.»

Un autre produit qui s'achète peu - et mal - en ligne? Les vêtements. Plusieurs détaillants comme GAP, Old Navy, Banana Republic, Simons et H&M ne vendent même pas sur l'internet au Canada. «Les consommateurs sont souvent réticents à acheter sur internet sans avoir essayé un vêtement, dit Emily Scarlett, porte-parole de H&M Canada. Si le vêtement ne fait pas, ils doivent le retourner et ils devront attendre un certain temps avant d'avoir leur remboursement.»

H&M vend des vêtements en ligne dans plusieurs pays, dont la Suède, son pays d'origine. «Nous étudions actuellement la possibilité de vendre des vêtements en ligne au Canada, dit Emily Scarlett. Nous sommes relativement nouveaux dans le marché canadien (cinq ans), alors nous voulons prendre notre temps.»

Le Centre francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO), organisme de chercheurs universitaires, industriels et gouvernementaux, a évalué les ventes en ligne au Québec à 423 millions de dollars durant la période des Fêtes l'an dernier.



DVD et CD très populaires


Parmi les produits les plus populaires sur le web, le combo livres DVD-CD. Pas étonnant que les librairies comme Renaud-Bray prennent un soin jaloux de leur site web, complètement refait cet automne. Renaud-Bray vient aussi d'investir 1,5 million de dollars dans un nouveau centre de distribution dédié exclusivement à ses transactions en ligne. Ce nouveau centre a été inauguré en octobre dernier. «Le web est un phénomène de plus en plus important, dit Blaise Renaud, directeur commercial de Renaud-Bray. Avant, nous étions mal organisés. Nous allions chercher les produits vendus sur l'internet dans nos différents magasins. Chaque commande coûtait cher en transport.»

Renaud-Bray fait maintenant 2% de ses ventes sur l'internet - un chiffre qui augmente à un rythme de 25% par année depuis deux ans. «Nous ne pensons pas continuer à croître nos activités web de 25% par année, mais il y a encore un marché potentiel à développer, dit Blaise Renaud. La variété de produits est différente sur le web. Toutes proportions gardées, nous vendons beaucoup plus de jouets sur l'internet que dans nos magasins. Sur le web, il y a aussi une forte demande pour les livres rares.»

Les achats en ligne permettent aussi à Renaud-Bray de s'internationaliser. En plus de ses nombreuses ventes au Québec, quelques paquets partent chaque semaine aux quatre coins du monde. «Encore hier, j'avais un colis en Corée et un autre en République tchèque», dit Blaise Renaud.