Le président américain Barack Obama a choisi la relance plutôt que la réduction du déficit en annonçant mardi de nouvelles mesures de soutien à l'économie pour relancer l'emploi.

À moins d'un an des élections de mi-mandat, et pour sa première grande décision de politique économique d'après la récession, M. Obama a jugé préférable d'agir à court terme plutôt que de se consacrer pleinement dès maintenant à la réduction de la dette.

Ce choix ne devrait pas manquer de satisfaire un certain nombre d'élus démocrates du Congrès dont la réélection à l'automne 2010 risquerait d'être compromise par la persistance d'un taux de chômage élevé (10,0% fin novembre).

Toutes considérations politiques mises à part, elle consacre la victoire d'idées comme celles que défend le prix Nobel d'économie, Paul Krugman.

Celui-ci répète qu'il sera suffisamment tôt pour s'inquiéter de la dette publique et que des dépenses nouvelles de l'État bien calibrées auront le mérite, à court terme, de remettre le pays au travail et de relancer la demande privée, ce qui sera payant à long terme lorsque l'économie retrouvera son régime de croissance et l'État des recettes fiscales abondantes qui lui permettront de se consacrer à la réduction du déficit.

Pour cette école, qui reprendrait volontiers l'adage keynésien selon lequel «à long terme nous sommes tous morts», il y a plus à perdre à ne rien faire et à risquer une reprise faiblarde, conformément aux prévisions actuelles de la banque centrale, qu'à augmenter (temporairement) la dette.

Les pourfendeurs de cette théorie, comme Peter Morici, professeur d'économie à l'Université du Maryland, estiment au contraire que toute relance supplémentaire n'aura au mieux qu'un effet temporaire sur la création d'emplois et ne résoudra rien au problème structurel de l'économie américaine : sa dépendance au pétrole du Moyen-Orient et aux importations chinoises qui drainent vers l'étranger les ressources du pays.

Pour lui, augmenter la relance ne fera qu'«ajouter au fardeau de la dette léguée à nos enfants».

Dans un rapport publié mardi et qui pourrait être brandi par les deux camps, l'agence de notation financière Moody's note que les finances publiques des États-Unis se détériorent considérablement mais que le pays dispose d'une grande capacité de rebond.

M. Obama a pris soin de préciser que les nouvelles mesures qu'il propose n'empêcheraient pas le pays de rembourser sa dette vertigineuse, qui a dépassé en novembre la barre des 12 000 milliards de dollars.

Sans chiffrer les nouvelles propositions présidentielles, la Maison-Blanche, qui prévoit un nouveau record de déficit budgétaire pour l'exercice en cours, à plus de 1500 milliards de dollars, a affirmé qu'elle était «responsable sur le plan budgétaire».

L'équipe de M. Obama fait valoir que le plan de sauvetage des banques pour lequel ont été débloqués 700 milliards de dollars en octobre 2008 devrait finalement coûter 200 milliards de moins que ce que le gouvernement estimait dans ses dernières prévisions budgétaires au mois d'août.

Pour la Maison-Blanche, cette «économie» doit permettre de rembourser la dette «plus rapidement» tout en permettant des dépenses supplémentaires pour soutenir l'emploi et la croissance.

Le chef de la majorité démocrate au Congrès, Steny Hoyer, a néanmoins indiqué que les nouvelles mesures prônées par le gouvernement pourraient coûter entre 75 et 150 milliards de dollars, ce qui risque de réduire à la portion congrue la part allouée à la réduction du déficit.