D'ici à 2018, l'économie québécoise devrait créer quelque 271 000 emplois, soit moins de la moitié de ce qu'elle avait généré au cours de la décennie précédente.

«Le ralentissement de la création d'emplois sera occasionné, au début de la période, par la récession», explique André Grenier, auteur de l'étude Le marché du travail au Québec Perspectives à long terme 2009-2018. «Plus tard, c'est la plus grande rareté de la main-d'oeuvre qui freinera la croissance de l'emploi.»

L'auteur fonde ses calculs sur les données démographiques, sur les nombreux détails de l'Enquête sur la population active menée tous les mois par Statistique Canada ainsi que sur le scénario de croissance du Conference Board du Canada.

Durant la période, beaucoup de gens atteindront l'âge de la retraite. Ils ne pourront être remplacés par de plus jeunes, faute d'effectifs suffisants dans les prochaines cohortes à entrer dans la population active. Voilà pourquoi les 65 ans et plus joueront un rôle grandissant.

Selon les projections de l'auteur, il y aura 100 000 personnes de plus âgées d'au moins 65 ans en 2018 qu'en 2009. Au cours du lustre 2014-2018, «40% de la croissance de l'emploi sera attribuable au maintien ou au retour en emploi des personnes de 65 ans ou plus».

Il y a toutefois des limites objectives à la capacité d'une société de garder les gens sur le marché du travail. Selon les données de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le taux d'activité de la population âgée de 15 à 64 ans peut difficilement dépasser 80%. Or, il est déjà de 77,3% au Québec, ce qui est supérieur à tous les pays du G7, hormis le Canada. Le taux moyen de l'OCDE dépasse à peine les 70%.

«Notre défi, c'est celui de la productivité, affirme en entrevue M. Grenier. Cela exige de la formation, de l'investissement et une meilleure organisation du travail, surtout dans la PME. On n'est pas des premiers de classe dans ce domaine.»

Néanmoins, faute de croissance de la population active, le chômage diminuera dès que la reprise naissante sera bien installée. Il devrait glisser jusqu'à 5,5% en 2018. Il restera plus élevé à Montréal pour deux raisons. L'agglomération métropolitaine connaîtra la croissance démographique la plus forte alors que la population va diminuer dans les régions ressources. Montréal demeure la terre d'accueil des immigrants qui mettent un certain temps à s'installer sur le marché du travail.

Les nouveaux emplois seront concentrés dans les services, liés à la santé, aux services sociaux et à la culture, tout particulièrement.

Du côté des biens, seule la construction devrait grossir ses effectifs durant la décennie qui commence. Le travail en usine va poursuivre son lent déclin, même si la production de matériel de transport est susceptible de générer des emplois. L'extraction minière, le travail en forêt et dans les champs seront aussi en déclin.

Les emplois dans le commerce vont augmenter encore, mais moins vite. «Avec la détérioration des finances publiques provoquée par la récession, l'allégement fiscal ne sera plus au rendez-vous pour plusieurs années», poursuit M. Grenier. Cela va contenir la consommation.

En matière de compétences, les emplois exigeant des études universitaires se multiplieront davantage. En revanche, les compétences techniques, de niveau collégial, resteront les plus recherchées.