Qui a le meilleur réseau sans fil au pays? La question se réglera au cours des prochaines semaines... devant un tribunal de Colombie-Britannique.

Rogers a déposé hier une poursuite contre Bell pour l'empêcher de prétendre offrir le «meilleur réseau» au Canada, une semaine après avoir été elle-même forcée par Telus de retirer des publicités jugées trompeuses. Telus songe aussi à traîner Bell devant les tribunaux pour les mêmes motifs, a appris La Presse Affaires.

Dans sa poursuite, Rogers fait valoir que Bell dupe les consommateurs avec de «fausses allégations» touchant son nouveau réseau sans fil, lancé il y a un mois. Ce réseau 3G est trop jeune pour être qualifié de «plus fiable» et «plus rapide» au pays, selon John Boynton, vice-président et directeur du marketing chez Rogers.

«Ils prétendent être les plus fiables, mais leur réseau est tout neuf et ne compte encore presque aucun abonné!» a-t-il lancé en entrevue téléphonique.

Retrait des publicités

Rogers réclame le retrait de toutes les publicités où Bell présente son réseau comme «le plus vaste, le plus fiable et le plus rapide». L'entreprise pourrait aussi exiger le paiement de dommages et intérêts dans une deuxième étape, a-t-on appris.

Rogers a elle-même été forcée de mettre au rancart plusieurs publicités cette semaine, après une poursuite intentée par Telus. Un juge de la Cour suprême de Colombie-Britannique a estimé que Rogers ne pouvait plus prétendre offrir le réseau «le plus fiable» au pays, à la suite du lancement du réseau commun Bell-Telus le 5 novembre dernier.

Le retrait de toutes ces annonces à la télé, à la radio, dans les journaux et dans des dépliants coûtera environ 3 millions de dollars à Rogers, a affirmé John Boynton. Il créera de plus un vide publicitaire pendant la lucrative période des Fêtes. Rogers en a appelé de la décision et pourrait être entendue dès aujourd'hui à Vancouver.

Partenaires et concurrents

Après sa victoire contre Rogers la semaine dernière, Telus songe aussi à poursuivre Bell pour publicité trompeuse. «Notre département juridique est en train de réviser leurs affirmations, pour s'assurer qu'ils disent des choses exactes et vérifiables», a indiqué Shawn Hall, porte-parole de Telus, joint à Vancouver.

Bell et Telus ont investi conjointement plus de 1 milliard pour bâtir leur nouveau réseau high tech. En gros, Bell s'est chargée de construire la partie située dans l'est du Canada, et Telus, celle dans l'Ouest, ce qui permet à leurs clients respectifs d'avoir une couverture peu importe où ils se trouvent au pays. Les deux groupes ont ratifié une entente d'itinérance à long terme.

Cet accord commercial n'empêchera toutefois pas Telus de traîner Bell devant les tribunaux si elle le juge nécessaire. «Il y avait de grands avantages à construire le réseau ensemble, cela a réduit les coûts considérablement (...) mais nous sommes encore des concurrents», a indiqué Shawn Hall.

La question de la publicité est cruciale dans un environnement plus concurrentiel que jamais, a-t-il insisté. «Cette concurrence doit se faire avec de la publicité basée sur des arguments vrais et exacts, parce que les consommateurs fondent en partie leurs choix sur la perception de qui a le meilleur réseau.»

La réponse de Bell

Wade Oosterman, président de Bell Mobilité, s'est montré confiant hier dans la supériorité de son nouveau réseau. Le conglomérat montréalais «maintient ses affirmations», a-t-il dit à La Presse Affaires.

«Nous sommes très prudents en nous assurant que les choses que nous affirmons sont appuyées sur des bases qui nous permettent de les affirmer, a dit M. Oosterman. Si Rogers croit qu'il doit remettre cela en question, nous serons prêts à nous défendre.»

Le titre de Rogers a clôturé en hausse de 3,4% hier à la Bourse de Toronto, à 32,82$. Celui de Bell Canada Entreprises a fini à 28,20$ (+1%) et celui de Telus, à 34,33$ (+0,4%).