Le Canada a retrouvé le chemin de la croissance à la fin de l'été, après trois trimestres d'affilée de recul.

Le produit intérieur brut (PIB) réel a progressé de 0,4% de juillet à septembre en rythme annuel, a indiqué Statistique Canada hier. Ce léger gain est inférieur à la prévision médiane des experts (1,0%) et à celle de la Banque du Canada (2,0%), mais la reprise ira en s'accélérant.

Pour le seul mois de septembre, le PIB réel mesuré par industries a progressé de 0,4%, grâce au rebond de 0,9% de l'offre canadienne de biens, dont une poussée de 1,1% de la production en usine. «Cela met la table pour un quatrième trimestre bien meilleur, note Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. Nous nous attendons à une avancée au-delà des 3,0% en rythme annualisé.»

Le chiffre final du PIB réel peut paraître décevant, si on le compare au 2,8% enregistré par nos voisins du Sud. En fait, les deux économies se sont contractées de 3,2% depuis un an, mais faut-il le rappeler, l'économie américaine est entrée en récession en décembre 2007, soit bien avant la canadienne.

Surtout, il faut retenir que la demande intérieure canadienne est deux fois plus forte que l'américaine. Elle a progressé de 4,7% de juillet à septembre, comparativement à seulement 0,6% au cours du trimestre précédent marqué par une contraction du PIB réel de 3,1% en rythme annualisé.

Les dépenses de consommation, l'investissement résidentiel, les dépenses gouvernementales et l'investissement des entreprises ont tous progressé. «Contrairement à la situation américaine, il est possible d'envisager une reprise en V pour la demande intérieure canadienne, car la courroie de transmission de la politique monétaire fonctionne bien de ce côté-ci de la frontière», font remarquer Yanick Desnoyers et Marco Lettieri, économistes à la Financière Banque Nationale.

En clair, les institutions financières n'hésitent pas à prêter et leurs taux sont alléchants, en particulier pour le marché hypothécaire. L'investissement résidentiel a ainsi avancé de 8,1% au cours du trimestre et la situation a continué de s'améliorer en octobre. «Le marché de la revente a atteint un nouveau record, tandis que l'activité de rénovation a progressé pour le deuxième trimestre d'affilée grâce aux stimulants fiscaux d'Ottawa et de Québec», fait remarquer Mary Webb, économiste chez Scotia Capitaux.

Ce qui a plombé le chiffre du PIB réel, c'est le bond de 36% des importations qui a annulé la poussée de plus de 15% des exportations, la première depuis 2007 et surtout la «plus forte augmentation trimestrielle depuis 2004», fait remarquer Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Au final, le solde du commerce international retranche 5,3 points de pourcentage au calcul du PIB, soit davantage qu'au deuxième trimestre pourtant marqué par des interruptions de la production automobile par plusieurs constructeurs.

La forte progression des importations reflète à la fois la vigueur de la consommation des ménages et des achats de machines et de matériaux par les entreprises. Ménages et entreprises ont repris confiance au cours du trimestre, les premiers grâce à l'appréciation de leur pouvoir d'achat, les secondes grâce à une remontée de leurs bénéfices.

Le revenu intérieur brut, qui mesure les variations du pouvoir d'achat, était en hausse de 3,3% en rythme annualisé, rompant avec quatre reculs d'affilée, dont deux supérieurs à 10%.

De leur côté, les sociétés ont vu leurs bénéfices augmenter de plus 20% en rythme annuel. Elles ont aussi ralenti le rythme de déstockage, ce qui a légèrement contribué à la hausse du PIB réel.

Cela a aussi favorisé la croissance de 3,2% du PIB mesuré en dollars courants. Il s'élevait à 1283,2 milliards de dollars sur une base annualisée. On est encore loin des 1325,5 milliards du troisième trimestre de 2008, sommet du dernier cycle économique.

Alors que le PIB réel, exprimé en dollars de 2002, donne une idée fidèle des volumes de production de biens et services, le PIB nominal reflète leur valeur. C'est aussi la meilleure façon de jauger les variations de l'assiette fiscale.