Plus que jamais, le producteur de jeux vidéo Ubisoft, qui emploie 2000 personnes au Québec, a besoin de gros succès avec ses nouveaux titres pour s'extirper d'un bain d'encre rouge.

Et du coup, selon des analystes, s'éviter d'avoir à restreindre soudainement ses dépenses d'exploitation et de main-d'oeuvre, comme l'ont fait récemment de gros concurrents.

Ubisoft a confirmé hier de son siège social de Paris qu'elle a subi une perte nette de 52 millions d'euros (83 millions CAN) à son plus récent semestre, terminé le 30 septembre.

Il s'agit d'un énorme revirement négatif par rapport au profit net de 24 millions d'euros déclaré il y a un an, pour le semestre correspondant.

Malgré tout, cette énorme perte au plus récent semestre chez Ubisoft n'a pas surpris les analystes qui surveillent les principaux producteurs de jeux vidéo.

En Bourse, les actions d'Ubisoft ont déjà reculé de 42% par rapport à leur sommet de cette année, à 17,5 euros l'unité, atteint à la mi-juin.

Ubisoft avait indiqué il y a trois semaines que ses revenus totaux à son plus récent dernier semestre allaient être amputés de 52% par rapport à ceux de l'an dernier, à pareille date.

Ce chiffre d'affaires atrophié de 344 à 166 millions d'euros à un an d'intervalle a été confirmé hier par le PDG d'Ubisoft, Yves Guillemot, flanqué du chef financier, Alain Martinez.

En contrepartie, ils se sont déclarés très confiants des ventes de nouveaux jeux lancés ces semaines-ci et au début de 2010.

Parmi eux, d'ailleurs, figurent deux titres majeurs produits aux studios d'Ubisoft à Montréal: le jeu d'intrigue et de légende Assassin's Creed 2, ainsi que le jeu d'aventure Avatar qui accompagnera le prochain film du réalisateur James Cameron, spécialiste des superproductions hollywoodiennes.

Dans ce contexte, les hauts dirigeants d'Ubisoft ont réitéré hier leur objectif de chiffre d'affaires de 1,04 milliard d'euros pour l'exercice courant, qui se terminera en mars 2010.

S'ils s'avèrent, de tels revenus seraient un tantinet inférieurs à ceux de 1,05 milliard d'euros déclarés lors de l'exercice 2009.

Aussi, de tels revenus découleraient d'un deuxième semestre exceptionnel (octobre 2009 à mars 2010) chez Ubisoft, qui serait à contre-courant du repli d'environ 5% qui affecte actuellement le marché mondial des jeux vidéo.

«Nous constatons un contexte de marché plus difficile pour nos jeux, mais il est trop tôt pour dire si l'impact par rapport à nos objectifs sera négatif ou positif», a indiqué Yves Guillemot, au cours d'une téléconférence d'analystes.

Néanmoins, les dirigeants demeurent confiants de réaliser un bon redressement des résultats d'Ubisoft d'ici la fin de son exercice 2010.

Signes encourageants

«Le principal problème d'Ubisoft, c'est qu'elle devrait mieux échelonner ses lancements de jeux durant toute l'année. Son agenda des prochains mois s'annonce favorable en ce sens. Les investisseurs en actions d'Ubisoft peuvent s'attendre à mieux au cours des prochains semestres», a indiqué à La Presse Affaires l'analyste Michael Pachter, spécialiste des loisirs interactifs chez Wedbush Morgan Securities, à Los Angeles.

Pour sa part, l'analyste Edward Williams, chez BMO Marchés des capitaux à New York, a dit avoir constaté sans surprise la dégradation des résultats à court terme d'Ubisoft, en raison de son calendrier de parutions.

N'empêche, a-t-il signalé à La Presse Affaires, les prochaines semaines sont cruciales pour le redressement des résultats du producteur de jeux vidéo.

«Jusqu'à maintenant, la performance de ventes des nouveaux titres d'Ubisoft est prometteuse. Cependant, considérant les coûts de son infrastructure de développement, la moindre fluctuation de revenus anticipés chez Ubisoft aurait un impact direct sur sa rentabilité.»