Sans redevances sur les revenus des abonnements du câble, Radio-Canada ne pourra plus produire autant d'émissions de qualité et sera forcée de se tourner vers les productions américaines, selon Sylvain Lafrance, vice-président principal des services français de Radio-Canada.

«S'il n'y a pas de redevances, on affaiblit la qualité de la télévision généraliste, dit Sylvain Lafrance. Actuellement, on n'a plus d'argent pour produire des séries lourdes. Si on a encore moins d'argent, on va produire moins de séries lourdes et de séries mi-lourdes. On aura une télé plus légère et de moins grande qualité. À terme, les Canadiens vont se tourner vers des émissions étrangères.»

Pour Sylvain Lafrance, le débat devant le CRTC est à la fois économique et culturel. Dans son cri du coeur, le grand patron des services français de Radio-Canada est particulièrement préoccupé par le sort des communautés francophones à l'extérieur du Québec. «Derrière les chiffres se cache une grande question culturelle, dit Sylvain Lafrance. Est-ce qu'on veut se donner une télé qui nous ressemble, dans laquelle on va se reconnaître? Quand 1,5 million de francophones regardent Tout le monde en parle ou Star Académie, c'est important. Les francophones de partout au pays ont besoin de ces grands lieux de rassemblement. C'est pourquoi l'affaiblissement de la télé généraliste est extrêmement dangereux.»

Selon Sylvain Lafrance, un affaiblissement des chaînes généralistes signifie un affaiblissement à long terme de toute l'industrie télévisuelle canadienne. «Pour que notre système de télé demeure en santé, il faut que les chaînes généralistes continuent de jouer un rôle extrêmement important, dit-il. Les chaînes généralistes représentent les grandes dramatiques, l'information régionale, les stations régionales. C'est le coeur du système.»