Pour la première fois en 10 trimestres, le secteur manufacturier aura contribué à la croissance canadienne durant l'été tandis que le marché immobilier de la revente retrouve toute sa superbe.

La valeur des ventes des fabricants a progressé de 1,4% en septembre tandis que leur volume a avancé de 1,8%, indiquait hier Statistique Canada. En outre, la baisse enregistrée en août a été ramenée de 2,1% à 1,8% alors que juillet avait connu une jolie progression.

Les ventes demeurent toutefois en deçà de 18% de leur niveau d'il y a un an alors que le Canada entrait en récession.

Même si le secteur automobile pourrait expliquer à lui seul la poussée de septembre, des améliorations significatives sont aussi observées dans les métaux de première transformation, des produits métalliques et des machines.

En revanche, l'annulation de commandes dans le secteur aéronautique, le plus volatil de tous, aura effacé tous ces gains. Ce repli explique pourquoi les ventes des fabricants ont reculé de 2,2% au Québec.

La valeur des nouvelles commandes a bondi de 8,3% au cours du mois. Bien qu'encore loin de leur sommet de l'été 2008, leur valeur en septembre atteignait le niveau le plus élevé depuis décembre, ce qui paraît encourageant pour l'automne et l'hiver. «On a assisté au troisième trimestre à un certain renversement des ventes manufacturières, note Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. Vu la reprise aux États-Unis, l'amélioration des ventes devrait être plus généralisée au cours des prochains mois.»

C'est le cas dans le secteur automobile où la valeur des stocks des concessionnaires et vendeurs de pièces américains sont à leur plus bas niveau de la décennie.

Ce sera sans doute aussi le cas des fabricants de machinerie et de matériaux car la part des investissements des entreprises dans le PIB américain atteint un creux de 38 ans, selon la FBN.

L'augmentation des ventes n'est pas si étonnante, compte tenu de la progression de 3,5% des exportations durant septembre.

La valeur des stocks est maintenant à son niveau le plus faible depuis février. Leur ratio aux ventes a diminué à 1,44, mais il demeure au-dessus de la moyenne historique de 1,3. Un ratio de un signifie que les stocks équivalent à un mois de production. Le déstockage est aussi de bon augure pour relancer la production au cours des prochains mois.

«Il semblerait qu'une partie des ventes réalisées durant le mois aient été faites à partir de stocks existants, fait remarquer Benoit P. Durocher, économiste senior chez Desjardins. La production des manufacturiers est donc demeurée relativement faible.»

Exprimés en volumes, les stocks des biens durables et non durables sont à leur niveau le plus faible depuis 1999. «Dans l'ensemble, il s'agit de données positives qui illustrent l'émergence de la reprise au Canada», résume Grant Bishop, économiste chez Groupe financier Banque TD. Les fabricants de matériaux de construction paraissent aussi promis à de meilleurs jours, si on se fie à la robuste reprise des transactions immobilières résidentielles sur le marché de la revente, en octobre.

Immobilier

Selon l'Association canadienne de l'immeuble, les transactions réalisées par l'entremise du Service Inter-agences (MLS) ont grimpé de 41,5% en octobre par rapport à l'année précédente, ce d'un océan à l'autre.

Tout comme la Colombie-Britannique et l'Ontario, le Québec enregistre un record mensuel, avec des sommets pour Montréal et Québec.

Fait intéressant, le niveau des stocks de maisons sur le marché s'établissait à 4,1 mois, soit le plus faible en deux ans. «Si cela peut donner de l'urticaire à ceux qui craignent la naissance d'une bulle, le renversement rapide de la situation illustre plutôt de manière convaincante que la politique monétaire fonctionne toujours dans ce pays», estime Douglas Porter, économiste principal adjoint chez BMO Marchés des capitaux.

On pourrait en dire autant des avantages fiscaux pour stimuler la rénovation annoncés dans les budgets de relance des gouvernements, l'hiver dernier.

«Comme l'économie se remet doucement sur pied, nous nous attendons que les gains récents du marché immobilier vont persister», prédit Milan Mulraine, économiste chez TD Valeurs mobilières.