Le iPhone n'était pas encore sur ses tablettes que déjà, Bell (T.BCE) a enregistré un nombre record de nouveaux abonnés sans-fil au dernier trimestre. Seul hic pour l'entreprise : la facture moyenne de ses clients affiche un recul marqué.

Les abonnés ont payé 4,7% moins cher qu'il y a un an pour leur sans-fil pendant le troisième trimestre, soit 52,13$ en moyenne. «Le marché devient clairement très concurrentiel avant même l'arrivée des nouveaux fournisseurs», a admis George Cope, grand patron de Bell Canada Entreprises (BCE), pendant un entretien avec La Presse Affaires.Les trois géants établis - Bell, Rogers et Telus -, tout comme leurs filiales à rabais, ont multiplié les promotions depuis plusieurs mois, ce qui se traduit par une baisse généralisée des prix. Le climat économique difficile a aussi incité les Canadiens à réduire leur usage du sans-fil, amputant du coup le chiffre d'affaires des fournisseurs.

Si importante soit-elle, la baisse du revenu mensuel moyen annoncée hier par BCE n'a pas inquiété l'analyste Greg MacDonald, de la Financière Banque Nationale. Il s'attendait à un repli encore pire de la facture, à 51,76$. «En fin de compte, ces résultats laissent croire que Bell continue de stabiliser ses différents secteurs d'activité, malgré la forte concurrence et les difficultés de l'économie.»

George Cope s'est aussi montré optimiste. Il note que la facture moyenne des clients de Bell a légèrement augmenté par rapport au deuxième trimestre de cette année - de 1,67$ -, ce qui laisse croire à une «stabilisation».

Le PDG mise aussi sur le tout nouveau réseau HSPA lancé la semaine dernière par Bell pour attirer de nouveaux clients. Ce réseau high tech permet à l'entreprise d'offrir des appareils beaucoup plus sophistiqués, comme le iPhone d'Apple, qui génèrent souvent une plus forte utilisation.

Un demi-million d'activations

Quelque 501 000 Canadiens ont opté pour un téléphone cellulaire de Bell pendant le troisième trimestre, une hausse de 14% par rapport à l'année précédente. En excluant tous ceux qui ont migré vers la concurrence, les activations nettes totalisent 135 000 nouveaux clients.

Le secteur de la télévision satellite a lui aussi affiché de solides gains au dernier trimestre, avec 40 000 abonnés de plus. Il s'agit de la plus forte progression depuis quatre ans, a fait valoir George Cope.

Le déclin s'est poursuivi en téléphonie résidentielle. Le nombre d'abonnés a baissé de 103 000 - ou 5,8% - par rapport à l'an dernier. Et 26 000 lignes d'affaires ont été débranchées.

Au total, le chiffre d'affaires de BCE a progressé de 1,2% pendant le trimestre, pour atteindre 3,79 milliards de dollars. Le bénéfice net a bondi de 125%, à 558 millions, un gain impressionnant qui s'explique en bonne partie par des frais de restructuration et un règlement fiscal que BCE avait dû payer l'an dernier.

Le bénéfice ajusté par action atteint 84 cents, plus que les 80 cents attendues par l'analyste Jonathan Allen, de RBC Marché des capitaux.

5000 employés en moins

George Cope a profité de la publication des résultats pour faire le point sur la vaste restructuration entamée par BCE dès son arrivée, en juillet 2008. Plus de 5000 employés - ou 11% des effectifs - ont quitté le conglomérat depuis sa nomination, dont 1100 seulement pendant le dernier trimestre.

La réduction des coûts est loin d'être terminée, a confirmé hier le PDG. Il entend notamment renégocier les contrats avec certains fournisseurs en utilisant à fond le pouvoir d'achat de BCE. Les moindres dépenses, comme la consommation d'essence des camions, sont aussi scrutées à la loupe, a-t-il ajouté.

Tout ce remue-ménage soulève de vives craintes chez les dizaines de milliers d'employés de BCE au Canada, confie Barb Dolan, vice-présidente administrative du SCEP-Ontario, qui représente plus de 20 000 travailleurs.

«Il y encore beaucoup de nervosité au Québec et en Ontario, avec la restructuration qui se poursuit et le recours massif à la sous-traitance vers l'Inde et le Costa Rica», a-t-elle dit à La Presse Affaires.

Cette cure minceur permet à BCE de dégager d'importantes liquidités, qu'elle pourrait utiliser pour bonifier son dividende une nouvelle fois dès le début de 2010.

Par ailleurs, BCE a réaffirmé hier qu'elle maintenait ses cibles pour l'exercice financier 2009, révisées à la hausse en août dernier. Les revenus devraient croître d'un peu plus de 1%, et le bénéfice par action, atteindre environ 2,50$, a souligné l'entreprise.

Le titre du groupe a clôturé à 27,14$ hier à la Bourse de Toronto, en faible hausse de 0,2%.

BCE, TROISIÈME TRIMESTRE

CHIFFRE D'AFFAIRES

4,46 milliards

+0,5%

PROFITS

558 millions

+125%*

PRODUIT MENSUEL MOYEN PAR ABONNÉ

SANS-FIL

52,13$

-4,6%

ACTIVATIONS NETTES AU SANS-FIL

135 000

+15%

* Les profits avaient été affectés par des frais de restructuration et un règlement fiscal au troisième trimestre de 2008, ce qui explique cet écart.