Æterna Zentaris a encaissé toute une gifle en août quand son produit-vedette a échoué une étude cruciale, faisant décrocher l'action de 66% en une journée.

Deux mois plus tard, l'entreprise affirme avoir encore plusieurs cordes à son arc. Et attend d'ici quelques mois une vague de nouvelles qui pourraient définir quel visage prendra la biotech de Québec.

D'ici décembre, Æterna recevra des résultats qui risquent non seulement de sceller le sort de son produit-phare, le Cetrorelix, mais aussi d'orienter l'avenir de plusieurs de ses jeunes poulains prometteurs.

Grosse fin d'année en vue chez Æterna ? « Oui, monsieur », répond Dennis Turpin, premier vice-président et chef de la direction financière.

Les investisseurs auront évidemment les yeux rivés sur le Cetrorelix, celui-là même qui a provoqué le tremblement de terre d'août dernier.

L'entreprise avait alors dévoilé des résultats pour le moins décevants d'une étude de phase III, toute dernière étape avant la commercialisation. Après l'avoir testé pendant un an sur 667 patients atteints d'une maladie de la prostate, Æterna a appris avec stupeur que son produit-phare ne s'est pas montré plus efficace que le placebo, cette pilule sans médicament qui n'agit que par effet psychologique.

« Une surprise significative », avait alors dit Douglas Miehm, analyste chez RBC Marchés des capitaux, dans une note aux investisseurs.

Deux mois plus tard, les dirigeants d'Æterna s'expliquent encore mal cette déconfiture. Non seulement le produit s'est montré moins efficace que prévu, mais le placebo, lui, a eu plus d'effet qu'à l'habitude. Mauvaise nouvelle quand on sait que c'est la différence entre les deux qui compte.

On comprend donc la fébrilité des dirigeants, qui attendent les résultats d'une deuxième étude similaire au mois de décembre.

Æterna a besoin de deux études concluantes pour commercialiser le médicament. « Là, on est zéro en un. Et si on a quelque chose au mois de décembre, on va être un en deux », résume Dennis Turpin.

L'analyste Douglas Miehm doute que les résultats de la deuxième étude soient bien différents, étant donné la qualité et l'envergure de la première. « Si on voit le même genre de résultats que ceux du mois d'août, on ne perdra pas notre temps avec Cetrorelix », lance M. Turpin.

Le chef des finances souligne toutefois qu'il n'est pas rare de devoir s'essayer trois ou quatre fois pour obtenir deux études concluantes. Le temps d'analyser les données de décembre et on devrait être fixé sur le sort du Cetrorelix au début de l'année prochaine.

Le reste du pipeline

Mais de l'avis même des analystes, la force d'Æterna Zentaris a toujours été la diversité de son portefeuille. Aujourd'hui, outre le Cetrorelix, l'entreprise compte principalement sur trois jeunes poulains pour assurer sa relève.

Le plus prometteur à court terme est sans doute la perifosine, une molécule mise au point contre le cancer. Æterna et son partenaire Keryx ont testé le produit sur plusieurs types de cancer, mais c'est finalement sur des patients atteints du myélome multiple, une forme de cancer du sang, que Keryx lancera une étude de phase III d'ici la fin de l'année.

« Ce que ça peut générer pour Æterna Zentaris, en termes de revenus, est probablement comparable au Cetrorelix », dit M. Turpin.

Le produit est moins avancé que le Cetrorelix, mais Æterna croit être en mesure de le commercialiser en même temps, soit en 2012. C'est que quand il s'agit de cancer, les besoins sont criants et les autorités donnent la priorité aux dossiers.

La fin de l'année devrait aussi donner une bonne idée du potentiel du AEZS-108, une molécule qu'Æterna veut utiliser pour soigner le cancer des ovaires et de l'endomètre. Des résultats d'une étude de phase II seront connus d'ici décembre.

Entre-temps, Æterna a aussi relancé un programme sur la macimorelin, une molécule qui pourrait servir de test diagnostic pour la déficience en hormones de croissance. Pas un gros canon, mais la biotech espère pouvoir vendre le test dès 2011, ce qui ferait entrer de l'argent dans les coffres pour pousser la mise au point des autres molécules.

Les sept analystes sondés par Bloomberg sont divisés sur le potentiel d'Æterna. Deux recommandent l'achat des actions, tandis que quatre recommandent de les conserver et un de les vendre.