La Commission européenne a fait un pas décisif mercredi vers la clôture d'une enquête majeure contre Microsoft, après des concessions faites par le groupe américain pour offrir à l'avenir le choix entre plusieurs navigateurs internet sur son système d'exploitation Windows.

«J'ai de bonnes raisons de penser que nous nous dirigeons vers une solution très satisfaisante de certains problèmes de concurrence sérieux dans le secteur des logiciels informatiques», a indiqué la commissaire à la Concurrence, Neelie Kroes, lors d'une conférence de presse.

«L'opinion préliminaire de la Commission est que les propositions de Microsoft vont répondre à nos inquiétudes», a-t-elle ajouté.

Pour en être certaine, ses services vont lancer le 9 octobre une consultation publique: les parties intéressées auront un mois pour commenter les propositions de Microsoft.

C'est «un pas significatif vers la fermeture d'un chapitre qui aura duré une décennie», s'est aussi félicité Brad Smith, vice-président de Microsoft en charge des questions juridiques, lors d'une conférence téléphonique, disant espérer un règlement définitif «avant la fin d'année».

Estimant que l'incorporation systématique du navigateur Internet Explorer à Windows, qui équipe 90% des PC dans le monde, lui conférait un avantage concurrentiel sur les autres navigateurs, Bruxelles a ouvert une enquête pour abus de position dominante contre Microsoft.

Le groupe de Redmond aux Etats-Unis a fait des concessions en juillet pour tenter d'échapper à une amende susceptible d'atteindre 10% de son chiffre d'affaires annuel, et qui risque d'être d'autant plus lourde qu'il est récidiviste.

Bruxelles lui a déjà réclamé au total dans le passé 1,676 milliard d'euros pour abus de position dominante, notamment pour avoir incorporé systématiquement à Windows son lecteur multimédia MediaPlayer.

Concrètement, Microsoft a accepté de laisser les utilisateurs de Windows en Europe choisir le ou les navigateurs internet qu'ils souhaitent utiliser.

Durant cinq ans, un choix sera proposée à tous les utilisateurs de Windows dans ses versions XP, Vista et 7, par l'intermédiaire des mises à jour automatiques du système d'exploitation.

Les internautes ayant Internet Explorer comme navigateur par défaut (le réglage initial sous Windows) verront d'abord apparaître un premier écran expliquant à quoi sert un navigateur.

Puis ce sera au tour d'une fenêtre multi-choix (ballot screen) où ils pourront cliquer sur des liens lui fournissant davantage d'explications sur une série de navigateurs.

Jusqu'à 12 navigateurs compatibles avec Windows devraient être proposés, sur la base de leur part de marché en Europe. «Etant donné qu'il y a seulement 5 principaux navigateurs sur le marché aujourd'hui, cette approche laissera plein de place à de nouveaux venus», a commenté Neelie Kroes.

Le principal concurrent d'Internet Explorer aujourd'hui en Europe est Firefox (développé par la fondation Mozilla). Les autres logiciels sont Chrome, lancé récemment par Google ou Opera du norvégien Opera Software, dont une plainte a motivé l'enquête de Bruxelles. Apple propose aussi une version de son navigateur Safari qui est compatible avec Windows.

Avec les futures versions de Windows, à commencer par Windows 7 dont la version définitive sera lancée le 22 octobre, les fabricants de PC pourront eux-mêmes installer n'importe quel navigateur par défaut et éventuellement supprimer complètement Internet Explorer.