Une moisson d'indicateurs est venue confirmer jeudi que l'économie américaine était engagée sur la voie de la reprise, sans rassurer sur le front du chômage, qui risque de rester encore longtemps un gros point noir pour les États-Unis.

Selon les chiffres publiés jeudi par le département du Commerce, les dépenses de consommation des ménages ont rebondi de 1,3% en août par rapport à juillet, après trois mois consécutifs de baisse.

C'est la plus forte hausse de cet indicateur clef pour l'économie américaine depuis octobre 2001. Si la hausse a été fortement soutenue par la «prime à la casse» ayant incité à l'achat de nouvelles voitures, comme en témoigne la forte hausse des achats de biens durables, les chiffres du ministère montrent qu'elle a également été robuste dans le domaine des biens non durables.

Pour l'économiste Joel Naroff, «les choses semblent avoir changé» après des mois de frilosité des consommateurs.

La question est maintenant de savoir si la hausse des dépenses de consommation pourra se maintenir, et cela, explique M. Naroff, dépendra de l'évolution des revenus des ménages, et donc de celle du chômage.

Mais celui-ci reste le gros point noir de l'économie américaine, dont la plupart des responsables gouvernementaux et des économistes s'accordent à dire qu'elle est sortie de la récession au mois d'août.

S'il est classique que le marché de l'emploi réagisse avec retard à l'évolution de la situation économique, nombre de responsables ont averti que le maintien attendu d'un taux de chômage élevé risquait d'entraver voire de faire dérailler la reprise.

Les chiffres publiés jeudi par le département du Travail ont montré que le nombre des personnes licenciées venant grossir les rangs des chômeurs était reparti en hausse au cours de la semaine close le 26 septembre.

Le ministère du Travail doit publier vendredi son rapport sur l'emploi pour le mois de septembre. Les analystes prévoient que celui-ci fera apparaître une montée du taux de chômage à 9,8%, contre 9,7% à la fin du mois précédent.

Cela étant, d'autres indicateurs sont venu témoigner du redressement de la première économie mondiale.

La hausse de l'activité manufacturière a certes ralenti légèrement en septembre, selon l'indice de l'association professionnelle ISM, mais au moins le secteur s'est-il maintenu dans le vert pour le deuxième mois de suite.

D'autre part, selon l'Association nationale des agents immobiliers (NAR), les promesses de ventes de logements ont progressé en août pour le septième mois consécutif, bondissant même de 6,4% par rapport à juillet.

Et selon le ministère du Commerce, les dépenses de construction ont rebondi en août après trois mois consécutifs de baisse, gagnant 0,8%, leur plus forte hausse depuis septembre 2008.

A trois mois de l'expiration du crédit d'impôt accordé par le plan de relance budgétaire aux personnes achetant une habitation pour la première fois, l'indicateur a été tiré par une hausse des dépenses privées de construction de logements jamais vue depuis novembre 1993.

Plusieurs analystes soulignent que la hausse de la construction de logements ne pourra pas maintenir son rythme actuel et cache d'autres faiblesses dans la construction.

Mais au moins, relève Patrick Newport, économiste du cabinet IHS Global Insight, l'investissement dans le logement devrait-il avoir contribué à la croissance pendant l'été après avoir pesé négativement pendant quatorze trimestres de suite.