Le mauvais temps de juillet continue de nous hanter. Il a fait reculer la génération d'électricité, l'extraction et les livraisons de gaz naturel au point d'annihiler le rebond du secteur manufacturier propulsé par la reprise de la production automobile.

Résultat: contre toute attente, l'économie canadienne a stagné en juillet (-0,04%), a indiqué hier Statistique Canada. La prévision médiane des experts tablait plutôt sur un gain de 0,5% qui se fût ajouté à l'avancée modeste du produit intérieur brut (PIB) réel de 0,1% en juin.

Cela n'a toutefois pas empêché le dollar canadien de gagner 128 centièmes, à 93,40 cents, contre le billet vert sur la foi d'un rapport du Fonds monétaire international qui réduisait sa prévision de radiations d'actifs financiers encore à faire. Cela a eu pour effet de stimuler l'appétit pour le risque aux dépens de la devise américaine dont le rôle de valeur refuge s'effrite concurremment.

«Même si certains indicateurs économiques ont progressé de façon soutenue durant le mois, certains ajustements sont toujours en cours au sein de l'économie canadienne, rappelle Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. La correction des stocks s'est poursuivie dans de nombreux secteurs, ce qui a évidemment amoindri leur production.». M. Desrochers avait misé sur une faible croissance de 0,1%.

Des fermetures temporaires ont freiné l'extraction minière, tandis que la production d'électricité et la distribution du gaz naturel ont reculé «en raison d'une baisse attribuable à des températures au-dessous des valeurs normales saisonnières, particulièrement dans le centre du pays», précise l'agence fédérale.

On peut sans doute aussi blâmer en partie Dame Nature pour les replis de la production agricole et de la construction résidentielle.

En fait, le rebond de 0,8% de la fabrication aura été le seul élément positif dans l'ensemble de la production des biens qui recule tout de même de 0,4% en juillet, portant à 13,5% sa plongée annuelle. «De nos jours, le secteur manufacturier ne représente plus que 12% de l'économie réelle», note Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

À l'opposé, le secteur des services a progressé de 0,1% en juillet. Il s'agissait du quatrième gain mensuel d'affilée qui limite à 0,5% seulement son recul annuel.

L'écart entre la production de biens et de services est le plus élevé à ce jour, constate Douglas Porter, économiste en chef chez BMO Marchés des capitaux. Cet écart illustre jusqu'à quel point la demande intérieure a permis de contenir les effets néfastes de la récession mondiale.

Juillet 2008 avait marqué le sommet du PIB réel avant l'entrée du Canada en récession. On peut donc voir l'ampleur du repli annuel du PIB mesuré par industrie: 4,6%.

Plusieurs sont maintenant d'avis que la progression devra être convaincante en août et septembre pour que se matérialise la prévision de 1,3% de la Banque du Canada d'une croissance annualisée de 1,3% au troisième trimestre, même si la majorité adhère toujours à un scénario de sortie de récession amorcée en juin.

Cela reste possible puisque, aux caprices de Dame Nature, on peut ajouter d'autres aléas non récurrents qui ont entravé l'économie. Ainsi, la grève des fonctionnaires torontois a fait reculer de 0,3% la contribution des administrations publiques, peu sensibles à la conjoncture de manière générale. Ce secteur a la même taille que le commerce de détail.

«Le rebond attendu de l'activité n'est retardé que d'un mois», estime Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale. La dynamique de la croissance a cependant préparé le terrain à une forte reprise au quatrième trimestre qui est déjà corroboré par le net rebond de l'indicateur économique avancé canadien.»

On ajoutera que l'imminence d'un accord canado-américain sur la clause Buy American pour tout ce qui concerne les chantiers d'infrastructure lancés par les États et les municipalités américains stimulera davantage les exportations.

En outre, le début de la reprise américaine paraît bien engagé. Hier, le département américain du Commerce a donné le chiffre définitif de variation du PIB réel au deuxième trimestre. Déjà faible à -1%, elle est ramenée à -0,7%. Le troisième trimestre qui a pris fin hier aura sans doute marqué un retour à une croissance encourageante de la première économie du monde qui représente toujours 20% du PIB mondial.