L'inflation canadienne est restée bien ancrée en territoire négatif en août pour un troisième mois consécutif, sauf au Québec, et certains économistes croient maintenant que la Banque du Canada laissera son taux d'intérêt directeur à son creux historique pendant encore au moins un an.

L'inflation annuelle s'est établie à -0,8 pour cent le mois dernier, a indiqué jeudi Statistique Canada, ce qui signifie que les prix ont généralement continué à reculer par rapport à l'an dernier. Le déclin s'est toutefois avéré moins important que celui affiché en juillet, alors que l'inflation annuelle avait été de -0,9 pour cent, un creux de 56 ans.

Il semble néanmoins que les importantes variations dans les prix d'éléments clés - comme l'essence et l'alimentation - s'essoufflent, tandis que l'inflation de base, qui exclut ces items volatils, se stabilise à environ 1,6 pour cent, ce qui laisse croire que le Canada se dirige vers une période stable de faible inflation.

«L'inflation n'est pas un sujet d'inquiétude au Canada, et la déflation non plus», a expliqué Krishen Rangasamy, économiste pour la Banque CIBC.

«Nous croyons que l'inflation de base va encore reculer, alors la banque (centrale) aura encore moins de raison de hausser ses taux d'intérêt tout au long de 2010. Elle ne bougera certainement pas avant juin.»

Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, s'est engagé, conditionnellement, à laisser le taux directeur à son plus faible niveau possible - soit 0,25 pour cent - jusqu'à l'été prochain, mais puisque l'économie montre certains signes de reprise, certains analystes se demandent s'il ne pourrait pas être haussé plus tôt.

L'économiste Dawn Desjardins, de la Banque Royale, admet aussi qu'il est de moins en moins probable que la banque centrale soit tentée de hausser ses taux d'intérêts plus tôt que prévu.

«Même si le Canada a donné des signes d'émergence de la récession cet été, nous nous attendons à ce que la Banque du Canada veuille s'assurer que la reprise de la croissance se déroule bien», a-t-elle expliqué.

Dans une note à leurs clients, les économistes Derek Holt et Karen Cordes, de la Banque Scotia, ont observé que l'inflation canadienne s'était essentiellement «bien comportée» si on ne tenait pas compte du volatil secteur de l'énergie.

Mais même ce secteur, dominé par les prix de l'essence, s'est modéré et devrait se stabiliser davantage dans les mois à venir.

Le prix de l'essence en août était 21,2 pour cent moins élevé qu'il y a un an, alors que le cours du pétrole se remettait d'avoir atteint le sommet record de 147$ US le baril en juillet 2008. Incidemment, le recul est moins important que celui de 28,3 pour cent affiché au mois de juillet.

Sur une base mensuelle, les prix de l'essence étaient 2,6 pour cent plus élevés en août qu'en juillet cette année.

À moins d'un changement de taille dans le cours actuel du pétrole brut, la tendance haussière des prix de l'essence devrait se poursuivre dans les prochains mois et occasionner une moins grande pression à la baisse sur l'indice des prix à la consommation.

Des économistes croient que l'inflation reviendra en territoire positif en novembre, moment où les prix de l'essence ont lourdement reculé l'an dernier, ce qui réduira l'écart lors de la comparaison avec les prix de l'année en cours.

Les prix de l'alimentation, responsables de la principale pression à la hausse sur l'inflation pendant la plus grande partie de la dernière année, sont aussi en cours de stabilisation. Ils affichaient une hausse de quatre pour cent en août par rapport au même mois l'an dernier, mais ce gain est plus faible que ceux de 5,5 pour cent affichés en juillet et en juin.

Sur une base mensuelle, les prix de l'alimentation en août ont en fait été 0,7 pour cent inférieurs à ceux de juillet.

En excluant les prix de l'énergie, l'inflation canadienne se serait établie à 1,4 pour cent, ce qui, selon les économistes, reflète davantage le mouvement des prix au cours de la dernière année.

L'inflation de base calculée par la Banque du Canada, qui exclut les coûts de l'énergie et de l'alimentation, s'est chiffrée à 1,6 pour cent le mois dernier.

Le Québec et la Saskatchewan ont été les deux seules provinces à afficher une hausse des prix. Au Québec, l'inflation annuelle se situait à 0,4 pour cent le mois dernier. Les prix du logement y ont diminué plus lentement que la moyenne nationale.

Voici le taux d'inflation des provinces et territoires du pays. Le chiffre du mois précédent figure entre parenthèses:

> Terre-Neuve-et-Labrador -0,7 (-0,9)

> Ile-du-Prince-Edouard -0,8 (-1,3)

> Nouvelle-Ecosse -0,8 (-1,0)

> Nouveau-Brunswick -0,2 (-0,4)

> Québec 0,4 (-0,3)

> Ontario -1,0 (-1,2)

> Manitoba 0,0 (-0,4)

> Saskatchewan 1,0 (0,8)

> Alberta -1,7 (-1,7)

> Colombie-Britannique -1,1 (-1,6)

> Whitehorse, Yukon -1,0  (-0,8)

> Yellowknife, T.-N.O.  -0,5 (-0,1)

> Iqaluit, Nunavut 1,6 (1,5)

Voici le taux d'inflation dans les grandes villes du pays:

> Saint-Jean, T.-N.-L., -0,2 (-0,4)

> Charlottetown-Summerside, -0,5 (-0,8)

> Halifax, -0,6 (-0,7)

> Saint-Jean, N.-B., -0,2 (-0,4)

> Québec, 0,6 (0,0)

> Montréal, 0,6 (-0,1)

> Ottawa, -0,9 (-1,0)

> Toronto, -1,0 (-1,1)

> Thunder Bay, Ont., -1,5 (-1,6)

> Winnipeg, -0,5 (0,0)

> Regina, 1,4 (1,5)

> Saskatoon, 0,7 (0,8)

> Edmonton, -1,2 (-1,5)

> Calgary, -0,8 (-1,1)

> Vancouver, -0,8 (-1,6)

> Victoria, -0,8 (-1,1)