Le chef de l'Église anglicane Rowan Williams a estimé que le secteur financier britannique n'avait pas fait preuve de «repentance» après la crise mondiale déclenchée l'an dernier, disant craindre que la City ne retrouve ses anciennes habitudes.

L'archevêque de Canterbury a aussi observé mardi soir un «ressentiment diffus» du grand public envers la finance, qui n'a pas selon lui accepté sa part de responsabilité dans la crise.

«Il y a un sentiment d'inachevé à propos de ce qui s'est passé l'an dernier», a souligné M. Williams dans l'émission Newsnight sur la chaîne BBC2.

«Il n'y a pas eu, comme les chrétiens le diraient, de repentance. Nous n'avons entendu personne dire "eh bien, en fait, on s'est trompé et le principe fondamental sur lequel on se basait était irréel et vide"», a souligné le religieux.

Rowan Williams s'est dit «inquiet» du fait que les leçons de la crise ne semblent pas avoir été retenues et estimé que les bonus devraient être limités.

«Je pense que c'est l'une des choses qui ont nourri (...) un ressentiment diffus, l'impression que les gens peuvent continuer à profiter d'une culture dans laquelle le lien entre la valeur de ce que l'on fait et la récompense que l'on reçoit devient de plus en plus obscure», a-t-il relevé.

Les gens ressentent «une grande perplexité» et une «colère muette» face à la culture des bonus, a souligné l'archevêque.

«Ce à quoi on assiste c'est à la possibilité que la société devienne de plus en plus dysfonctionnelle si le niveau d'inégalité de ces dernières décennies n'est pas remis en question», a insisté le responsable.

Les généreux bonus qui étoffent les rémunérations fixes de certains salariés du secteur financier ont provoqué une controverse dans la foulée de la crise financière mondiale. La question sera au coeur du sommet du G20 de Pittsburgh la semaine prochaine.