Près de 500 000 Canadiens de plus que l'an dernier sont sans emploi à la veille de la Fête du Travail, et malgré le message des économistes à l'effet que la récession est terminée, les pertes d'emplois se prolongeront bien au-delà du début de 2010.

Par ailleurs, le problème est amplifié par le fait que de nombreuses victimes des plus récents soubresauts de l'économie n'ont pas accès aux prestations d'assurance-emploi. «Les personnes qui n'ont pas le droit de réclamer des prestations d'assurance-emploi doivent se tourner vers le bien-être social, ce qui les plonge dans une pauvreté plus profonde encore», fait remarquer le président du Congrès du travail du Canada, Ken Georgetti, qui s'exprime au nom des principaux syndicats nationaux et internationaux du pays.

Malgré toutes les pertes d'emplois enregistrées au cours de la dernière année, causées par d'importantes restructurations dans les secteurs de l'automobile, de la foresterie et de la machinerie, les travailleurs canadiens croient que le pire est passé et que la situation s'améliore.

Un sondage de Harris-Decima, commandé par le site web de recrutement Monster.ca, démontre que 46 pour cent des travailleurs canadiens ont la sensation de bénéficier d'une plus grande sécurité d'emploi qu'il y a un an, comparativement à 38 pour cent ayant l'impression contraire. Les travailleurs du secteur public, dans une proportion de 53 pour cent, se sont dits particulièrement confiants face à leur situation professionnelle.

Le sondage, mené à la mi-août, a révélé que 88 pour cent des Canadiens étaient satisfaits de l'emploi qu'ils détenaient.

Du côté syndical, la réforme de l'assurance-emploi se veut le dossier le plus important, relativement aux travailleurs ayant été licenciés. Les syndicats ont d'ailleurs demandé au gouvernement conservateur d'augmenter les prestations et d'assouplir les critères d'admissibilité.

L'assurance-emploi bénéficiait d'un surplus de 57 milliards $, mais les gouvernements libéraux et conservateurs l'ont complètement épuisé, a déploré M. Georgetti.

Dans un message destiné aux ouvriers à quelques jours de la Fête du Travail, le président des Travailleurs de l'automobile du Canada (TAC), Ken Lewenza, a noté que seulement deux travailleurs sur dix ne pouvaient toucher des prestations d'assurance-emploi pendant la récession du début des années 1990. Cette année, a-t-il comparé, cinq Canadiens sur dix n'y ont pas droit.

«Pour améliorer le système, suggère M. Lewenza, nous devons procéder à des changements aux chapitres des heures travaillées requises, de la période d'admissibilité aux prestations et du niveau des prestations. Il faut aussi éliminer la période d'attente et la retenue sur l'indemnité de séparation. Les partis politiques, peu importe leur allégeance, doivent reconnaître que ces réformes sont nécessaires.»

Selon M. Georgetti, les travailleurs savent qu'ils ne sont pas responsables de la récession actuelle, et c'est la raison pour laquelle ils sont prêts à déclencher une grève s'ils considèrent que leur employeur leur demande de s'imposer des sacrifices inappropriés.

Alors que les coûts des régimes de retraite sont à la hausse, des dirigeants d'entreprises de divers secteurs ont tenté de réduire leurs contributions aux caisses de retraite, ce qui a mené à des confrontations avec les syndicats.

«Les régimes de retraite n'ont pas provoqué cette récession, pas plus que les prestations de maladie. Elle a été causée par une mauvaise gestion, par de l'ignorance et par une incapacité à réglementer les marchés», a tranché M. Georgetti.

De son côté, M. Lewenza n'hésite pas à dire que la dernière année a été difficile pour le mouvement syndical. Selon lui, de nombreux employeurs ont tenté de se servir de la récession pour obtenir, de force, des concessions de la part des travailleurs.

«Dans tous les secteurs, des employeurs ont trouvé une façon, valable ou non, d'invoquer la crise financière mondial pour éliminer nos acquis.»