Selon l'OCDE, la reprise arrivera plus tôt que prévu. Sauf au Canada.

L'Organisation de coopération et de développement économique prévoit que le Canada traînera la patte, derrière les autres pays du G7, au troisième trimestre. Alors que l'ensemble de ces pays devrait connaître une mince croissance de 1,2%, le Canada devrait enregistrer une décroissance de 2% de son produit intérieur brut (PIB).

«La forte contraction de l'activité qui s'est amorcée au dernier trimestre de 2008 s'est intensifiée au premier trimestre de 2009, sous l'effet de l'effondrement des exportations, de l'investissement fixe et de la formation de stocks, écrit l'OCDE dans une étude rendue publique hier. Le rythme de cette contraction semble ralentir, mais les conditions récessionnistes devraient persister jusqu'au troisième trimestre. Le chômage continuera probablement à augmenter.»

 

L'organisation est plus optimiste en ce qui concerne l'ensemble des pays du G7.

«Les modèles de prévision à court terme de l'OCDE laissent augurer une reprise plus précoce qu'on ne l'imaginait il y a quelques mois», fait-elle savoir.

Elle s'attend toutefois à ce que la cadence de la reprise demeure modeste pendant encore quelque temps.

«Les fortes capacités excédentaires, la faible rentabilité, le niveau élevé et la hausse du chômage, l'asphyxie de la croissance des revenus du travail et la poursuite des ajustements sur les marchés du logement vont en effet brider toute hausse de la demande privée.»

L'OCDE estime qu'en raison de cette faible reprise, les pouvoirs publics devraient continuer à mettre en place des mesures de stimulation, du moins à court terme. L'organisation affirme que les gouvernements devraient quand même se préparer dès maintenant à renoncer à de tels programmes et commencer à élaborer les stratégies et les plans d'assainissement budgétaire qu'il faudra alors mettre en place.

En ce qui concerne le Canada, l'OCDE mentionne que les autorités budgétaires disposent encore de la marge de manoeuvre nécessaire pour mettre en oeuvre des programmes de stimulation additionnelle.

En mode rattrapage?

L'économiste en chef adjoint du Groupe financier Banque Nationale, Yanick Desnoyers, a déclaré que l'organisation faisait du rattrapage en prédisant une reprise plus rapide que prévu.

«Il y a six mois, l'OCDE disait que c'était la fin du monde, a-t-il ironisé. Cela fait plusieurs mois que nous disons qu'il va y avoir une reprise. Si on regarde les données qui rentrent depuis deux, trois semaines, c'est très positif. L'OCDE et le Fonds monétaire international sont en mode rattrapage, ils révisent à la hausse les prévisions faites il y a quelques mois.»

L'économiste s'est interrogé au sujet des prévisions de l'organisation au sujet de la performance du Canada au troisième trimestre.

«Une décroissance de 2%, je ne vois pas comment ils ont pu arriver à cela», a-t-il lancé.

Il a rappelé que la Banque du Canada ne prévoyait qu'une décroissance de 1%, alors que le Groupe financier Banque Nationale prévoyait une croissance de plus de 3%.

États-Unis

Il a rappelé que les ventes d'automobiles aux États-Unis devraient dépasser les 14 millions d'unités cette année, alors qu'on parlait de seulement 9 millions d'unités au creux de la vague, au début de cette année.

«Avez-vous une idée du choc macroéconomique de plusieurs milliers de voitures vendues? C'est énorme!»

Cet effet se fera évidemment ressentir en Ontario, qui a gravement souffert de la crise.

Les entreprises exportatrices canadiennes devraient également bénéficier d'une amélioration du secteur du logement aux États-Unis.

«Les mises en chantier vont reprendre, a soutenu M. Desnoyers. Le secteur du logement aux États-Unis sera en croissance au cours des deux à trois prochaines années.»

L'économiste s'est surtout demandé pourquoi l'OCDE plaçait le Canada en queue de peloton, notamment loin derrière les États-Unis, qui devraient connaître, selon l'organisation, une croissance de 1,6% au troisième trimestre.

M. Desnoyers a fait observer que les prix des maisons n'avaient diminué que de 5% au Canada, comparativement à plus de 30% aux États-Unis.

«Le bilan financier des Canadiens n'a pas subi la déconfiture subie par les Américains, a-t-il fait valoir. Les Canadiens sont dans une situation enviable.»

Il a ajouté ne pas être convaincu que l'Europe se sorte plus rapidement de la récession que le Canada et les États-Unis.

«L'Europe a subi un choc plus important que le Canada et les États-Unis sur le plan du PIB», a-t-il expliqué.

 

CROISSANCE DU PIB AU TROISIÈME TRIMESTRE SELON L'OCDE

États-Unis: 1,6%

Japon: 1,1%

Zone euro: 0,3%

Canada: -2%