Pour la première fois en 18 mois, l'indice ISM manufacturier des décideurs d'achat est repassé au-dessus de la barre des 50 points qui marque le seuil d'une économie américaine en croissance.

À hauteur de 52,9, l'indice a bondi de quatre points de juillet à août. Il se situe à 20 points de plus que son creux historique de décembre.

«Le passage au-dessus de la barre des 50 points pourrait être un signe que la récession est maintenant terminée, souligne Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins. Dans tous les cycles depuis 1950, lorsque l'ISM dépasse 50, l'économie est officiellement sortie de la récession.»

Le cumul des nouvelles économiques encourageantes amène d'ailleurs les économistes à rosir quelque peu leurs sinistres scénarios, élaborés plus tôt cette année.

Ainsi, Sherry Cooper, l'économiste en chef de BMO Marchés des capitaux croit maintenant que la croissance réelle de l'économie américaine sera de 3,8% au troisième trimestre en rythme annualisé. Il s'agit d'une bonification de un point de pourcentage sur le scénario initial. Mme Cooper fait valoir que le repli de 1,0% de l'économie américaine au deuxième trimestre est entièrement attribuable au déstockage massif des entreprises.

En fait, précise Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale, les stocks sont maintenant à leur niveau le plus faible depuis 2005, en proportion des ventes finales. Il faudra bien reprendre la production pour satisfaire les nouvelles commandes. Or, selon l'ISM, le sous-indice des nouvelles commandes marquait 64,9 points en août, un sommet depuis décembre 2004. «Cette mesure, qui devance le cycle économique de six mois, suggère que les stocks pourraient à eux seuls apporter une contribution de trois points de pourcentage à la croissance réelle en deuxième moitié d'année.»

Le marché de l'habitation paraît désormais stabilisé. Pour le sixième mois d'affilée en juillet, les offres d'achat étaient à la hausse en juillet, ce qui augure de transactions à la hausse au cours d'août et de septembre. Les ventes de maisons neuves étaient par ailleurs en hausse de 9,6% en juillet.

Qui plus est, note aussi M. Marion, même s'il s'est perdu plus de 240 000 emplois au sud de la frontière en juillet «la donnée la plus encourageante est le nombre d'heures travaillées qui a augmenté pour la première fois depuis environ un an».

Pour répondre à la demande grandissante, la production devra s'accélérer, compte tenu du bas niveau des stocks. Cela devrait profiter aussi aux exportateurs canadiens, souvent fournisseurs des manufacturiers américains.

Voilà pourquoi BMO prévoit aussi une croissance de l'économie canadienne d'environ 2,5% aux troisième et quatrième trimestres, malgré un printemps décevant avec un repli de 3,4%, en rythme annualisé. Il s'agit d'un scénario beaucoup plus optimiste que celui de la Banque du Canada qui, avec une prévision de 1,3% formulée en juillet, reste encore perçue comme voyant la vie en rose.

À la FBN, où on a prévu un retour à l'expansion durant l'été dès janvier, on estime que le rebond sera de 3,0% au cours du présent trimestre. On fait remarquer que le nombre d'heures travaillées en juillet a progressé de 0,3%. Il s'agissait de la troisième augmentation d'affilée, malgré la poursuite de la destruction d'emplois durant la période.

«Nous prévoyons un rebondissement de l'emploi au cours des prochains mois», affirme M. Marion dans la dernière livraison du Mensuel économique.

Cette prévision doit être prise à la lettre. Vendredi, Statistique Canada publiera les données de l'Enquête sur la population active. Elles vont montrer, selon toutes vraisemblances, de nouvelles suppressions d'emplois en ... août.