McDonald's (MCD), qui fête cette année ses 30 ans en France, s'y affiche désormais comme un employeur responsable, reléguant au passé les «McJobs» ou emplois jetables, peu rémunérés et peu stimulants, même si son image sociale écornée perdure, soulignent les syndicats.

Le terme «McJob», lancé dans la presse américaine à la fin des années 80, a fait son entrée au dictionnaire Oxford en 2001 pour désigner un «travail mal payé, peu stimulant et offrant peu de perspective d'évolution, en particulier un emploi créé par le développement du secteur des services».

En France, la «notoriété» sociale sulfureuse de McDonald's est entretenue par le fort turnover du personnel, des niveaux de rémunération proches du Smic, 80 à 90% de temps partiels ou des horaires décalés.

Ce qui fait bondir le PDG de la filiale française, Jean-Pierre Petit: «il faut arrêter de parler de petit emploi ou de temps partiel subi. On ne résoudra pas le chômage en France en se basant sur le modèle des industries lourdes et des services publics. Nous offrons des emplois de service à temps partiel de qualité» qui peuvent servir de tremplin, fait-il valoir à l'AFP.

Engagé en faveur de la diversité, de la parité, McDonald's met aussi l'accent sur la promotion interne et la formation, et le fait savoir par voie de publicité.

Pionnier, il a expérimenté dès 2003 la validation des acquis de l'expérience (VAE) et permet à ses directeurs de restaurants de décrocher un diplôme à bac+3, dispositif qu'il entend élargir aux autres salariés pour des BTS ou des bacs professionnels.

Malgré la crise, l'enseigne, qui compte quelque 55 000 salariés dans l'Hexagone, prévoit de créer 3.000 emplois cette année.

Ce sont essentiellement des temps partiels car, à la différence des Américains, souligne le PDG, «les Français ont pour habitude de manger uniquement aux heures des repas», ces horaires de travail sont donc «une nécessité».

90% des contrats sont des CDI. Paradoxalement, McDonald's «ne propose pas un job à vie», plutôt «un premier emploi pour les jeunes», estime Eric Gravier, vice-président.

Les étudiants représentent la moitié des «équipiers» (salariés de base). Leur première organisation, l'Unef, y est hostile et a fait du clown Ronald un épouvantail, symbolisant le job alimentaire qui nuit aux études.

Mais McDonald's attire aussi les jeunes mères et, pronostique la direction, bientôt les jeunes seniors, pour suivre l'évolution en âge de la clientèle.

Aux yeux des syndicats, McDo doit encore redorer son arche. En commençant par «faire profiter davantage les salariés de ses bons résultats», suggère Maxime Lambert (CFDT).

«Les conditions de travail doivent être améliorées chez certains franchisés», ajoute-t-il.

80% des près de 1200 restaurants français sont en location-gestion, dite «franchise».

«C'est un peu la loterie», dénonce Majid Bensaïd (CGT), qui se dit lui-même victime de «discrimination syndicale» à Marseille.

Le PDG admet ne pouvoir imposer aux 282 patrons de restaurants franchisés «une politique sociale unique», mais il propose «une stratégie commune», via la «RH attitude» qui, depuis 2003, vise à diffuser les meilleures pratiques.

Hubert Mongon, vice-président aux ressources humaines, jugeait l'an dernier que McDonald's devient «une entreprise comme les autres»: «Nous sommes sortis depuis longtemps de la période "Far West" du développement des restaurants en masse en France, piloté par une équipe anglo-saxonne qui ne faisait pas grand cas de la législation française et des syndicats».