La récession n'a rien de virtuel pour Ubisoft. L'éditeur de jeux vidéo a subi une amputation de la moitié de ses revenus au premier trimestre et revoit ses objectifs à la baisse pour le deuxième. Mais au studio montréalais du géant français, les équipes ne manquent pas de travail et les mauvais résultats ne remettent pas en cause les plans de croissance.

Le chiffre d'affaires d'Ubisoft a atteint 132 millions de dollars (83 millions d'euros) pour la période de trois mois se terminant le 30 juin. C'est un recul de 50,6% par rapport à la même période l'an dernier, et une déception par rapport à l'objectif de 146 millions.

Les ventes de la console portative Nintendo DS, de même que les ventes de titres lancés avant le 31 mars sur la PlayStation 3 ou et la Xbox 360, ont subi une nette baisse dans un marché considéré comme «plus difficile» que prévu.

Le directeur des communications externes et des relations publiques d'Ubisoft Montréal, Cédric Orvoine, note aussi que l'éditeur a lancé moins de titres qu'à pareille date l'an dernier.

Ubisoft estime que son chiffre d'affaires du deuxième trimestre devrait être de 123 millions, une diminution de 54% par rapport au même trimestre l'an dernier.

Montréal n'est pas touché

Ubisoft conserve néanmoins son objectif de croissance de 23% au deuxième semestre.

«L'excellente réception de nos jeux lors de l'E3 (le plus important salon du jeu vidéo), ainsi que la qualité du buzz créé autour de titres tels Assassin's Creed 2, Splinter Cell Conviction et Avatar, nous confortent dans la capacité de la société à réaliser un deuxième semestre en forte croissance», a déclaré par voie de communiqué le président-directeur général d'Ubisoft, Yves Guillemot.

Les trois jeux cités par M. Guillemot sont tous en cours de production au studio de Montréal, qui connaît de ce fait une année d'exception. Et la récession ou les mauvais résultats de l'entreprise ne devraient pas avoir d'impact sur les activités montréalaises, assure Cédric Orvoine.

«Il n'y a pas de ralentissement anticipé. Ubisoft a vraiment une vision à long terme. Ce n'est pas un trimestre un peu plus difficile qui va faire un changement dans une stratégie à long terme. Nous avons toujours l'objectif d'atteindre les 3000 employés à Montréal en 2013.»

Actuellement, Ubisoft compte 1800 employés dans ses studios du Mile End.

Splinter Cell repoussé

Les trois jeux phares d'Ubisoft Montréal devaient sortir à temps pour la période des Fêtes, mais Splinter Cell Conviction ne sera finalement lancé qu'en février ou en mars.

«Le jeu a été bien reçu au E3, mais on veut se donner un peu de temps pour le polir», dit Cédric Orvoine.

Est-ce que les ventes seront touchées? «Il y a plusieurs façons de regarder ça, répond M. Orvoine. La période des Fêtes est la plus importante. En même temps, c'est la période où le marché est surpeuplé. Quelques mois plus tard, la concurrence sera moins féroce en matière de quantité de titres. Les objectifs de vente vont rester élevés et ambitieux.»

Le PDG, Yves Guillemot, a tout de même souligné sa déception de voir des lancements reportés, mais il considère que «ce choix est le seul possible dans l'intérêt à long terme d'Ubisoft».

L'action d'Ubisoft a gagné 2,4% pour clôturer à 14,59 hier à la Bourse de Paris.